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7-31 janvier 1981

Pologne. Visite de Lech Wałesa au Vatican et compromis sur la semaine de cinq jours

Le 7, la commission de coordination du syndicat Solidarité décrète unilatéralement la semaine de cinq jours, sans modification de la durée quotidienne du travail, des salaires et des congés. Le principe du samedi libre avait été inscrit dans les accords de Gdańsk du 31 août 1980, mais n'avait fait l'objet d'aucune proposition gouvernementale depuis. Le soir même, à la télévision, Mieczysław Jagielski, vice-Premier ministre, déclare que, compte tenu de la situation économique de la Pologne, il faudra se contenter de chômer un samedi sur deux.

Le 9, le journal soviétique, les Izvestia, dénonce les « éléments antisocialistes » qui cherchent à changer le système politico-social de la Pologne, et les dangers de la « contre-révolution ».

Le samedi 10, la plupart des ouvriers ne se rendent pas à leur travail ; certaines entreprises avaient pris les devants et décrété ce samedi chômé.

Le 13, Lech Wałesa, président du syndicat Solidarité, commence un voyage de six jours en Italie sur l'invitation de la Confédération des syndicats italiens.

Le 15, le pape Jean-Paul II reçoit son compatriote au Vatican. Il déclare notamment que « les hommes qui travaillent ont le droit de s'associer librement » et que « l'activité des syndicats n'a pas un caractère politique ». Le séjour de Lech Wałesa à Rome est consacré pour l'essentiel à des discussions avec des représentants des trois grandes centrales syndicales italiennes.

Le 19, les relations se tendent entre le gouvernement et Solidarité : quatre heures d'entretiens avec le président du Conseil Jozef Pinkowski ne permettent pas de dégager un compromis sur les samedis libres.

Le 22, des grèves d'avertissement ont lieu à Gdańsk, après l'échec de nouveaux pourparlers, le 21.

Le samedi 24, le mot d'ordre de grève de Solidarité est largement suivi à Varsovie et à Gdańsk, bien que ce jour ait été déclaré ouvrable par le gouvernement. Moscou accuse une nouvelle fois le syndicat de vouloir désorganiser l'économie du pays, s'en prenant particulièrement à son « aile droite ». Tandis que la situation se dégrade à Jelenia-Gora, dans le sud-ouest du pays où les représentants locaux de Solidarité réclament la démission de plusieurs fonctionnaires pour corruption ou incompétence, les négociations se poursuivent sur les samedis libres.

Le 31, un compromis est trouvé finalement entre Lech Wałesa et Jozef Pinkowski : le syndicat obtient que la semaine de cinq jours soit inscrite dans la loi, mais accepte qu'un samedi par mois ne soit pas chômé, pour ne pas nuire à la santé économique du pays. L'accord prévoit également l'accès de Solidarité à la radio et à la télévision. Par contre, aucune solution n'est trouvée à la question de la reconnaissance d'un syndicat paysan indépendant.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS