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7-29 décembre 1988

U.R.S.S.. Séisme meurtrier en Arménie

Le 7, un violent tremblement de terre secoue le nord de l'Arménie. D'une magnitude de 6,7 à 6,9 sur l'échelle de Richter, la secousse principale, qui se produit en fin de matinée, détruit pratiquement entièrement la ville de Spitak (50 000 habitants), aux deux tiers Leninakan, la seconde ville de la République (200 000 habitants), et dans une moindre mesure Kirovakan (160 000 habitants) et Stepanavan. Contrairement aux pratiques antérieures, les autorités soviétiques ne cachent ni l'événement, ni l'ampleur de la catastrophe.

Le 8, Mikhaïl Gorbatchev quitte précipitamment New York pour regagner Moscou, tandis que Nicolaï Ryjkov, chef du gouvernement, se rend sur place pour prendre la tête d'une commission spéciale du bureau politique chargée du séisme. Les propositions d'aide internationales, ce qui est nouveau, sont chaleureusement acceptées. Elles sont d'autant plus nombreuses et rapides qu'elles sont relayées par les représentants de la diaspora arménienne dans le monde (3 millions). Les jours suivants, des équipes de secours étrangères arrivent du monde entier. Parmi les premiers sur place, les Français seront jusqu'à environ 500 à fouiller les ruines, à l'aide d'une cinquantaine de chiens, pour tenter de sauver les survivants. Amenant du matériel lourd et médical qui fait cruellement défaut, les sauveteurs étrangers tentent de pallier l'insuffisance des moyens locaux, en dépit des difficultés causées par le froid, l'inorganisation administrative, la passivité de l'armée et le fatalisme de la population.

Le 11, Mikhaïl Gorbatchev, arrivé la veille en Arménie, dénonce violemment « l'aventurisme politique » des nationalistes arméniens, « gens corrompus et malhonnêtes ». Six des onze membres du comité Karabakh ont été arrêtés, leur rapidité à réagir et à organiser les secours ayant pu faire craindre à Moscou l'instauration, à la faveur du séisme, d'un pouvoir local parallèle. La répression s'accroît les jours suivants à l'égard des nationalistes arméniens, tandis que des réfugiés continuent d'affluer d'Azerbaïdjan en raison des tensions entre Azéris et Arméniens.

Le 12, un bilan officiel fait état de 55 000 morts, 13 000 blessés et 500 000 sans-abri. La Pravda critique la lenteur des autorités, alors qu'on commence seulement à découvrir l'étendue des dégâts dans les zones rurales, où des survivants sont morts faute de soins et de nourriture.

Le 15, le Premier ministre Nicolaï Ryjkov, dans une conférence de presse, annonce des indemnisations pour les victimes et l'ouverture d'une enquête sur les constructions des immeubles collectifs effondrés, bâtis, semble-t-il, avec des matériaux de qualité médiocre et sans aucun souci des normes antisismiques. Il regagne Moscou le 20 en annonçant son retour en janvier pour organiser la reconstruction.

Le 29, les autorités révisent à la baisse (25 000 morts) le bilan d'une catastrophe qui aura donné à la perestroïka l'occasion de s'exercer sur le terrain, mais provoqué aussi en U.R.S.S. le choc de la confrontation concrète avec les techniques et mentalités occidentales.

— Universalis

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