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1er-31 décembre 1994

Russie. Intervention armée en Tchétchénie

Le 1er expire l'ultimatum de quarante-huit heures adressé par le président Boris Eltsine aux « parties en conflit » dans la république sécessionniste de Tchétchénie – les forces du président Djokhar Doudaev et l'opposition armée soutenue par Moscou – pour qu'elles déposent les armes. Depuis la fin de novembre, sans que Moscou le reconnaisse, l'aviation russe bombarde des positions stratégiques à Grozny, la capitale tchétchène. La capture de soldats russes par les forces tchétchènes lors de la troisième et dernière offensive de l'opposition armée contre la capitale, le 26 novembre, prouve également le soutien actif apporté à celle-ci par le Service fédéral de contre-espionnage russe (ex-K.G.B.).

Le 11, les troupes russes pénètrent en Tchétchénie, en application d'un décret présidentiel signé le 9, qui autorise le gouvernement à user de « tous les moyens » pour rétablir l'ordre constitutionnel dans cette république. Elles y rencontrent une résistance inattendue, pacifique ou armée, de la part des populations tchétchène, mais aussi ingouche et daghestanaise. À Moscou, l'opération est critiquée par les démocrates comme par les communistes. Les capitales occidentales estiment qu'il s'agit d'une « affaire intérieure russe ».

Le 17, à l'expiration d'un nouvel ultimatum, le Conseil de sécurité russe présidé par Boris Eltsine exige la reddition du président Doudaev. Les tirs d'artillerie et les bombardements contre Grozny s'intensifient. Des milliers de Tchétchènes fuient la capitale.

Le 19, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et le département d'État américain commencent à exprimer leur inquiétude. En Russie, le nombre des adversaires de l'intervention armée augmente.

Le 22, le général Edouard Vorobiev, commandant en chef adjoint de l'armée de terre, présente sa démission après avoir refusé de diriger l'intervention en Tchétchénie, dont le ministre Pavel Gratchev prend « temporairement » la direction. Il est imité par d'autres officiers supérieurs. À Moscou, l'influence du chef de la garde personnelle de Boris Eltsine, le général Alexandre Korjakov, s'accroît.

Le 23, la Douma appelle Boris Eltsine à suspendre les opérations militaires en Tchétchénie.

Le 26, le Conseil de sécurité russe décide de remplacer les forces armées russes engagées en Tchétchénie par les troupes spéciales du ministère de l'Intérieur.

Le 27, quinzième anniversaire de l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge, le président Eltsine, très peu présent depuis le début de l'intervention – officiellement en raison d'une opération chirurgicale –, réapparaît en public à l'occasion d'une allocution télévisée consacrée à la crise tchétchène. Il déclare assumer l'entière responsabilité de l'intervention armée et affirme sa volonté de « libérer au plus vite Grozny des éléments criminels ». Contre toute attente, il ne propose aucune solution politique au conflit. L'offensive contre Grozny reprend avec force dès le lendemain.

Le 31, les premiers assauts contre la capitale se soldent par de nombreuses pertes russes.

— Universalis

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