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GRALL XAVIER (1930-1981)

Né en 1930 à Landivisiau, Xavier Grall est mort en 1981 à l'hôpital de Quimperlé. Auteur de romans (Africa Blues, Cantique à Mellila), d'essais (James Dean, Mauriac journaliste, Génération du Djebel), de recueils lyriques (La Sône des pluies et des tombes, Rituel breton, Solo), d'ouvrages inclassables (Le Cheval couché, Barde imaginé, La Fête de nuit, Stèle pour Lamennais, Arthur Rimbaud. La marche au soleil), le reclus de Botzulan – près de Pont-Aven – n'a cessé de vivre sous le signe de la poésie.

Incapable, par on ne sait quel barrage profond, d'apprendre la langue des siens, il fut autrement breton qu'un Théodore Botrel, qui n'hésitait pas à écrire, pour les beaux yeux de la « gueuse », la République bourgeoise : « Un Breton doit savoir mourir pour elle. » Dans ce cadre-là, Le Cheval couché (1977) est moins une « réponse » au Cheval d'orgueil de P.-J. Hélias (1975), qui ne mérite aucunement l'opprobre pour avoir évoqué son enfance en pays bigouden, que la réaction impulsive d'un Grall qui, bouleversé à juste droit par l'état de son pays, aliéné par l'ordre centraliste, en appelle à une Bretagne réelle, porteuse d'avenir, d'espoir, de justice et de beauté. Car Xavier Grall, catholique « libre », celte mais aussi païen, partage avec Goethe la conviction que le « vrai est beau », et vice versa. C'est pourquoi, sans doute, à la séduction de l'ankou s'ajoute la passion du soleil. Comme tant de gens du brouillard et de la pluie, Grall subit l'attraction du Maghreb, et cette attraction, soudée aux violences cyniques de l'histoire et de la politique, le fit accoucher de ses deux seuls « vrais romans ». De la même façon s'explique sa fascination pour Rimbaud, auquel il consacra un de ses derniers écrits. Avec Grall, le mélange des genres bat son plein. Les « billets » qu'il publia dans La Vie, Le Monde, Le Matin, Témoignage chrétien, Croissance des jeunes nations sont assurément de courts poèmes en prose plutôt que de véritables chroniques, appuyées sur la réalité des faits.

L'authenticité de Xavier Grall, on en prend la mesure dans ses poèmes. Il écrit « couleur de vitrail », renoue avec Rutebeuf et Villon. Il est rugueux, populaire et savant à la fois. Tout au long de son œuvre, il se sera tenu aux côtés des pauvres, des humiliés, des offensés, avec Lamennais contre tous les « Napoléon » gominés de la planète.

— André LAUDE

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André LAUDE. GRALL XAVIER (1930-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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