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MAYWALD WILHELM (1907-1985)

Quelques semaines avant sa mort, le 21 mai 1985 à Paris, le photographe Wilhelm Maywald (dit Willy) publiait, en Allemagne, un livre de mémoires. Cet Allemand, plus parisien que bien des Parisiens, esthète qui maintint jusqu'au bout la tradition de la réception hebdomadaire ( son « jour » était le mardi), manière de salon où se croisaient les amis connus jadis chez la comtesse de Noailles et les jeunes gens à la mode, peintres, écrivains, journalistes et mondains en goguette, était l'un des derniers représentants d'une époque où la fête rythmait de ses fastes et surtout de son élégance la vie intellectuelle et artistique. Fidèle à son atelier de Montparnasse, il continuait à recevoir, toujours affable et raffiné, mais avec la nostalgie des années 1930 à 1950au cours desquelles il avait été adopté par Paris.

Né en 1907, à Clèves, dans une famille bourgeoise cultivée, il s'intéresse à la musique, à la peinture et à la littérature. Il fréquente, de 1925 à 1928, les écoles des Beaux-Arts de Cologne et Krefeld puis, en 1928, il s'inscrit à celle de Berlin et travaille alors comme assistant dans les studios de cinéma. En 1931, il s'installe à Paris où il apprend la photographie, jusqu'en 1934, chez le photographe de mode Harry Meerson. Il ouvre son studio à Montparnasse en 1934 et réalise portraits, clichés de mode et d'architecture, ainsi que quelques reportages pour de nombreux magazines, tant français qu'étrangers, dont il devient le collaborateur régulier. Dès 1935, il expose en compagnie de Dora Maar et de Pierre Boucher. Amoureux de Cagnes-sur-Mer où il réside tous les étés, il réalise deux ensembles sur « Le Jardin de Renoir » et « Le Jardin de Monet » qui seront publiés par la revue Verve. En 1939-1940, Willy Maywald est interné dans différents camps de détention en France. Quand il reprend son activité en 1942, il photographie les personnalités du monde intellectuel et artistique. On peut citer, entre autres œuvres particulièrement remarquables, ses portraits de Arp, Braque, Chagall, Le Corbusier, Léger, Matisse, Picasso, Miró, Utrillo, Cocteau, qui furent tous ses amis. De 1942 à 1946, comme bien d'autres artistes et écrivains qui vivaient à Paris, il se réfugie en Suisse où il collabore à de nombreux magazines. À son retour en 1946, il ouvre un nouveau studio à Montparnasse et devient, l'année suivante, le photographe permanent de Christian Dior. Spécialisé dans la mode, il travaille également pour d'autres couturiers : Jacques Fath, Jacques Heim, Balmain, Jacques Griffe. Il reçoit alors de nombreuses distinctions internationales et, jusqu'en 1970, collabore essentiellement à des revues d'architecture tout en poursuivant ses portraits de personnalités. À partir de 1971, il ralentit ses activités photographiques, prépare des expositions personnelles dans le monde entier et met la dernière main à son autobiographie. Il préparait, au moment de samort, un album rétrospectif.

Relativement peu lié au milieu photographique, Wilhelm Maywald restera, avec son sens très sûr des lumières et de l'élégance, un des dandys de la photographie et le témoin privilégié d'une vie parisienne brillante à laquelle il appartenait mais dont il ne rapportait jamais les événements. Ses portraits et ses clichés de mode — plus que ses paysages et ses images d'arbres auxquels il était pourtant fort attaché — en font un exemple particulièrement séduisant du photographe professionnel, raffiné, rigoureux et esthète dans tous les aspects de sa vie.

— Christian CAUJOLLE

Bibliographie

La plupart des œuvres de Wilhelm Maywald se trouvent dans les revues auxquelles il a collaboré. Il a cependant publié des ensembles importants dans Verve en 1938 et dans la revue suisse DU en 1947. En 1949, les éditions Architecture d'aujourd'hui publièrent à Paris[...]

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Christian CAUJOLLE. MAYWALD WILHELM (1907-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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