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MAIER VIVIAN (1926-2009)

Les photographies de Vivian Maier sont mises au jour en 2007, à la suite d'une vente aux enchères à Chicago, ordonnée afin de régler une dette de loyer en garde-meubles. Pour 380 dollars, John Maloof, jeune éditeur chicagoan, se porte acquéreur d'un lot rassemblant des documents susceptibles d'illustrer l'ouvrage qu'il projette de publier sur un quartier de sa ville. Dans l'inventaire qu'il n'entreprend qu'au printemps 2009, il découvre, glissée entre les épreuves, négatifs et bobines non développés, une facture de laboratoire établie au nom de Vivian Maier. Il apprendra par Internet qu'une personne du même nom est décédée le 20 avril de cette même année dans un hôpital de Chicago. La notice nécrologique livre les premiers éléments qui permettront, par divers contacts et témoignages, de reconstituer la vie de la photographe.

Gouvernante et photographe

Vivian Maier est née à New York le 1er février 1926, fille de l'Américain Charles Maier et de la Française Marie Jaussaud, originaire de Saint-Julien-en-Champsaur (Hautes-Alpes). Séparée de son mari en 1929, Marie Jaussaud est d'abord accueillie avec sa fille chez Jeanne Bertrand, une amie de jeunesse, devenue photographe professionnelle, vivant à New York dans le quartier du Bronx. Le métier de Jeanne et la pratique amateur de Marie installent la photographie dans l'univers de l'enfant, notamment pendant les mois que les deux femmes et la fillette passent en Savoie. Au retour à New York en 1938, Vivian s'implique de plus en plus dans la photographie qui occupe ses loisirs de collégienne. Elle revient en France en 1950, notamment pour clore la succession d'une grand-tante en sa faveur. Au printemps de 1951, la jeune femme traverse une nouvelle fois l'océan Atlantique pour vivre à Southampton, dans l'État de New York. Un emploi de gouvernante pour enfants la libère du souci de se loger et lui procure une pleine journée de liberté qu'elle consacre à sa passion grandissante pour la photographie. L'acquisition, en 1952, de l'appareil moyen format Rolleiflex conforte une vocation qui occupera une place grandissante dans l'existence de la jeune femme.

<em>Chicago, 1962</em>, V. Maier - crédits : Estate of Vivian Maier, Courtesy Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, New York

Chicago, 1962, V. Maier

À Chicago, où elle s'installe en 1956, Vivian Maier continue de travailler comme auxiliaire parentale. Tout en s'occupant de l'éducation des trois jeunes garçons de la famille Gensburg, elle affine sa pratique de photographe et nourrit sa culture de l’image à travers les pages de revues et par ses visites d'expositions. La ville qu'elle arpente appareil en main devient le terrain de ses improvisations de cadrage, de ses recherches formelles de matière et de lumière, de ses gros plans d'anonymes, de ses scènes de rues, de ses collections de détails insolites. Ces prises de vue sont régulièrement ponctuées d'autoportraits, renvoyant dans le format carré du Rolleiflex, l'image d'une femme élégante et simple, assumant sa solitude comme un mode d'immersion dans le monde et son époque. Au cours des diverses places de gouvernante qui la conduiront de Southampton à Chicago, Vivian Maier poursuit ses déambulations et relate pour elle seule la comédie urbaine de ses contemporains.

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Pour citer cet article

Hervé LE GOFF. MAIER VIVIAN (1926-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>Chicago, 1962</em>, V. Maier - crédits : Estate of Vivian Maier, Courtesy Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, New York

Chicago, 1962, V. Maier

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