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MILLÉNAIRE TROISIÈME

Au cours des dernières années du xxe siècle, il a beaucoup été question de l'approche de l'an 2000 et aussi de l'entrée prochaine dans le troisième millénaire. Et il faut bien reconnaître que ces deux événements – bien que séparés d'un an (et, plus précisément, de 366 jours, du fait de la bissextile exceptionnelle en 2000) – se sont confondus dans l'esprit de bien des gens, en grande partie par la faute des médias. Pour beaucoup de gens et de commerces (y compris les restaurants, cabarets et agences de voyage), le troisième millénaire commence bel et bien dès la nuit de la Saint-Sylvestre 1999, c'est-à-dire le samedi 1er janvier 2000 à zéro heure.

Or, l'année 2000 – abondamment célébrée dans le monde – n'est en fait qu'une année de passage vers ce IIIe millénaire, non pas sa première année mais la dernière du deuxième millénaire.

Alors, pourquoi cette fascination pour l'an 2000 ? Est-ce la magie des trois zéros, faisant brusquement suite aux trois neuf, chiffre maléfique pour certains ? Il y a eu déjà, ou il y aurait eu, la peur de l'an mil (dont l'importance d'ailleurs a été très exagérée par certains historiens, notamment Jules Michelet), les millénaires (ou millénaristes) ayant prétendu que le règne du Messie sur la terre ne durerait que mille ans, et que par conséquent le monde devait finir en l'an mil... La version moderne de cette grande peur pourrait être la grande frayeur, justifiée celle-ci, des informaticiens redoutant un gigantesque bug (ou bogue) de leurs machines au niveau mondial ! (On rappellera que, par souci d'économie de programmation, et du fait de la capacité limitée des premières mémoires informatiques, les millésimes ont généralement été tronqués en deux chiffres ; or, au lieu de lire correctement 1999 inférieur à 2000, les ordinateurs peuvent « comprendre » 00 inférieur à 99... avec les conséquences que l'on devine !).

Toujours est-il que c'est bien le « saut » de 1999 à 2000 qui a semblé en priorité fasciner tout le monde. À commencer par les fabricants de montres et autres gadgets décomptant les secondes nous séparant du 1er janvier 2000 à zéro heure ; ainsi, le 1er janvier 1999 à la même heure, il n'en restait plus que... 31 536 000. Chaînes de télévision et journaux, quant à eux, n'ont pas manqué d'afficher quotidiennement le nombre de jours nous séparant de cet obsédant an 2000. Et la tour Eiffel a fait de même.

Quant au IIIe millénaire, il n'a commencé qu'en 2001 et s'achèvera en 3000. Certes, il s'agit là tout d'abord d'une convention chronologique (on notera que l'« an 1 après Jésus-Christ » [chiffre très contestable historiquement] a été précédé d'un « an 1 avant Jésus-Christ », qu'astronomes et chronologistes préfèrent dénommer « an zéro », pour des raisons de commodité arithmétique, et notamment par souci de sauvegarde de la divisibilité par quatre des années bissextiles). Mais cela procède aussi d'une évidente logique arithmétique : tout comme une centaine ou un millier d'objets se décomptent de 1 à 100 ou de 1 à 1 000, et jamais de 0 à 99 ou de 0 à 999, il en est de même des années d'un siècle ou d'un millénaire.

Mais, compte tenu de la confusion générale qui subsiste à ce sujet, il n'est peut-être pas inutile de rappeler les limites précises des siècles et des millénaires, telles qu'elles sont définies par une autorité mondiale en la matière, l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides du Bureau des longitudes (Paris).

Le siècle représente une période de cent ans, le millénaire une période de mille ans. Le premier siècle, qui a commencé le (samedi) 1er janvier de l'an 1, s'est donc terminé le (jeudi) 31 décembre de l'an[...]

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Écrit par

  • : ancien chef correcteur adjoint de l'Encyclopædia Universalis, correspondant du Centre d'études Simenon de l'université de Liège, Belgique

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Pour citer cet article

Pierre DELIGNY. MILLÉNAIRE TROISIÈME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )