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DÉZAMY THÉODORE (1808-1850)

Théoricien d'un certain communisme sous Louis-Philippe, Théodore Dézamy, né à Luçon, quitta rapidement la Vendée pour Paris, où il exerça la profession de maître d'école. C'est dans la capitale qu'il devait déployer ses multiples activités politiques. Il adhéra bientôt à des sociétés secrètes (en particulier, en 1839, à la Société des saisons) et se lia avec l'un des principaux représentants du mouvement socialiste de cette époque, Étienne Cabet, dont il devint le secrétaire. C'est alors qu'il fait ses débuts de journaliste, en collaborant au Populaire, que dirige Cabet. Mais ces rapports amicaux sont de courte durée, et les désaccords théoriques entre les deux hommes provoquent bientôt une rupture.

Dézamy, qui s'est rapproché des communistes d'orientation jacobine, fonde alors le journal L'Égalitaire, dont la parution s'arrête au bout de quelques mois. Surtout, il publie plusieurs ouvrages, de 1840 à 1848, dans lesquels il développe des thèses nettement plus radicales et moins conciliantes que celles de son ancien « maître » Cabet. Ainsi, après avoir formulé de vigoureuses critiques à l'égard du catholicisme social dans M. Lamennais réfuté par lui-même, il expose son propre projet d'organisation politique dans le Code de la communauté (1842). Dézamy y systématise les lignes de force de son opposition aux conceptions de Cabet (qui avait fait paraître le Voyage en Icarie deux ans plus tôt). Témoignant de son attachement aux traditions babouvistes, il dirige surtout ses attaques contre la distinction que fait Cabet entre la « phase de transition » et la « phase de constitution » de la société nouvelle, et dénonce l'idée d'une collaboration possible avec la bourgeoisie.

Pour lui, il s'agit de substituer immédiatement à la société bourgeoise, dont il fait une analyse impitoyable, la « communauté », qui représente le « mode naturel et parfait de l'association ». Les principes essentiels de cette communauté, longuement détaillés dans le Code, sont la propriété collective et l'égalité totale, matérielle et morale, des deux sexes. Dézamy met l'accent sur la nécessité de donner une part prépondérante à la vie communautaire, et de faire que la plupart des activités soient exercées de façon collective et égalitaire, car « la communauté ne connaît que des égaux ». S'il s'affirme matérialiste (Marx voit en lui « un des disciples communistes les plus conséquents des philosophes matérialistes du xviiie siècle »), Dézamy professe un communisme qui est fondé sur une vision profondément humaniste, ainsi que le montre ce passage du Code : « Mon criterium, ma règle de conduite, c'est la science de l'organisme humain, c'est-à-dire la connaissance des besoins, des facultés et des passions de l'homme. »

Théoricien, Théodore Dézamy fut également un homme d'action de premier plan, et tous ses écrits expriment le souci constant de lier l'élaboration d'une doctrine et les exigences de la pratique. Outre ses activités de journaliste, il participe (avec Pillot, un ancien prêtre devenu communiste), à l'organisation du « banquet communiste » qui eut lieu le 1er juillet 1840. Par la suite, il anime, avec Blanqui, la Société républicaine centrale, et prend une part active aux journées de juin 1848. Après l'échec de la révolution de 1848, il revient à Luçon, où il meurt dans la misère.

— Christine BARTHET

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Écrit par

  • : licenciée en droit, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris

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Christine BARTHET. DÉZAMY THÉODORE (1808-1850) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )