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SQUATTER & SETTLER

Aux États-Unis, le terme de squatter (de l'anglais to squat : se blottir) désignait le pionnier qui s'installait sur des terres non encore occupées. En Australie, les squatters étaient les éleveurs de moutons qui allaient à la recherche de territoires inexploités ; ils s'opposaient aux settlers, cultivateurs sédentaires. Lorsque le gouvernement australien, pour contrôler l'expansion anarchique de l'activité pastorale, prit la décision de vendre les concessions et que celles-ci donnèrent lieu à une spéculation intense, les squatters cherchèrent à échapper à ce contrôle en reportant la conquête du sol vers l'intérieur du pays. On comptait, en 1842, plus de cinq mille éleveurs de moutons qui disposaient d'un million de bêtes. Leur force fit reculer le gouvernement qui dut reconnaître l'occupation de fait des terres. Le Waste Lands Occupation Act (1846) sanctionna le succès des pionniers. Cependant, vers 1855, les squatters se heurtèrent à leur tour aux nouveaux immigrants, qui contraignirent les États du Sud à examiner le problème des immenses domaines accaparés par les squatters. De nouveaux partages de terres eurent lieu, la spéculation fut combattue. Le Torrens Act (1857, Australie du Sud) imposa l'enregistrement de toutes les terres qui faisaient l'objet de transactions ; il inspira la législation généralement adoptée dans le pays.

Dans les sociétés contemporaines, on appelle squatters les individus ou les familles sans logement qui s'emparent illégalement d'une maison ou d'un appartement inoccupé. Parfois sévèrement condamnés, ils ont, cependant, en de nombreuses occasions, provoqué la sympathie de l'opinion, bénéficié de l'appui d'associations religieuses ou politiques et contraint les pouvoirs publics soit à régulariser des occupations de fait, soit à improviser des solutions de relogement décent.

— Claude LEFORT

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Claude LEFORT. SQUATTER & SETTLER [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AUSTRALIE

    • Écrit par Benoît ANTHEAUME, Jean BOISSIÈRE, Bastien BOSA, Vanessa CASTEJON, Universalis, Harold James FRITH, Yves FUCHS, Alain HUETZ DE LEMPS, Isabelle MERLE, Xavier PONS
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    ... a introduit le mouton dont les troupeaux vont devenir une des sources de la richesse locale, et l'on voit se multiplier des domaines immenses que les éleveurs (squatters) se réservent aux dépens des cultivateurs (settlers). Ces établissements permettent la prise de possession officielle, en 1803,...