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SOTCHI (JEUX OLYMPIQUES DE) [2014] Contexte, organisation, bilan

Le 4 juillet 2007, le Comité international olympique (C.I.O.), réuni à Guatemala pour sa cent dix-neuvième session, confie l’organisation des XXIIes jeux Olympiques d’hiver à la ville de Sotchi, en Russie. Celle-ci est élue au second tour de scrutin, avec cinquante et une voix, contre quarante-sept à Pyeongchang (Corée du Sud), qui était pourtant en tête au premier tour, lequel avait vu l’élimination de Salzbourg (Autriche). Le choix de Sotchi peut paraître surprenant : organiser des Jeux d’hiver dans une ville balnéaire située au bord de la mer Noire, en zone subtropicale, semble risqué, au moins du point de vue de la météorologie (les organisateurs stockeront 450 000 mètres cubes de neige pour pallier un éventuel manque durant les Jeux). Mais Vladimir Poutine, alors président de la fédération de Russie et qui sait qu’il le sera de nouveau quand auront lieu les Jeux, a mis toute sa force de persuasion pour obtenir gain de cause. Pour Vladimir Poutine, il est en effet question de prestige, et la visibilité olympique doit servir sa propagande. En outre, c’est l’occasion de réhabiliter Sotchi, jadis lieu de villégiature prisé de Staline, en la reliant aux montagnes du Caucase.

Pour ce faire, la Russie va dépenser sans compter. Le budget initial, déjà très important pour des Jeux d’hiver (8,8 milliards d’euros), explose : les investissements atteignent 37 milliards d’euros. À titre de comparaison, les Jeux d’hiver de Vancouver, en 2010, avaient coûté 1,2 milliard d’euros. Les Jeux de Sotchi sont donc les plus chers de l’histoire, dépassant même dans la démesure les Jeux d’été de Pékin en 2008 (26 milliards d’euros). Ces sommes affolent jusqu’à la Cour des comptes russe, qui dénonce le surcoût.

Il faut dire que tout était à bâtir pour ces Jeux, et que Vladimir Poutine voulait faire de Sotchi un « Miami russe » et transformer le Caucase du Nord, autour de la petite ville de Krasnaïa Poliana, en zone touristique d’hiver haut de gamme. Un aéroport, deux gares ferroviaires, 200 kilomètres de voies ferrées, 400 kilomètres de routes, soixante-dix-sept ponts, douze tunnels sont construits. En outre, la gabegie – les tremplins de saut à skis ont dû être reconstruits, la piste de bobsleigh a coûté à 270 millions d’euros (45 millions d’euros étaient budgétés), etc. – et la corruption ont alourdi la facture. Enfin, l’édification de la luxueuse station de sports d’hiver de Rosa Khutor s’est faite à marche forcée : en cinq ans, notamment grâce aux subsides de l’oligarque Vladimir Potanine (1,8 milliard d’euros), ce qui n’était qu’un champ de neige est devenu un domaine skiable de 77 kilomètres, doté de seize remontées mécaniques. Mais elle s’est également faite sans la moindre préoccupation environnementale, ce qui a provoqué un désastre écologique pour la faune et pour la flore.

Les sites des compétitions sont répartis en deux zones : la zone côtière et la zone de montagne. Les sites côtiers se trouvent dans la station balnéaire d’Adler, à 27 kilomètres du centre-ville de Sotchi, et sont bien sûr réservés aux épreuves de glace en intérieur : cet ensemble constitue le Parc olympique. Le Stade olympique Fisht, doté d’une couverture transparente, d’une capacité de quarante mille places, accueille les cérémonies d’ouverture et de clôture. L’arène de glace Chaïba (sept mille places), démontable, est le théâtre des matchs féminins de hockey sur glace, alors que le tournoi masculin a lieu dans le palais des glaces Bolchoï (douze mille places). Les compétitions de patinage artistique et de short-track se déroulent au centre Iceberg (douze mille places). Les épreuves de patinage de vitesse ont lieu dans l’Adler Arena (huit mille places), les tournois de curling dans l’Ice Cube (trois mille places). Le village olympique côtier, baptisé Usadba (« propriété résidentielle[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. SOTCHI (JEUX OLYMPIQUES DE) [2014] - Contexte, organisation, bilan [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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