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SOHAG

Les églises du couvent Blanc (Deir el-Abiad) et du couvent Rouge (Deir el-Ahmar) s'élèvent, en lisière du désert Libyque, à 4,5 kilomètres à l'ouest de Sohag. Des bâtiments conventuels construits en briques crues, il ne reste pratiquement plus rien, mais les églises ont gardé la dénomination de Deir (couvent). Le Deir el-Abiad doit son nom aux gros blocs de calcaire (certains mesurent 2 m de long) qui ont servi à son édification, et dont un grand nombre provient de monuments pharaoniques. La première installation de moines en ce lieu remonte à saint Bigoul, oncle de Shenoute. À sa mort, vers 385, Shenoute devint higoumène. Un nouveau monastère fut alors construit vers 440, à 200 mètres au nord de l'ancien.

Les sources historiques du Deir el-Ahmar sont plus réduites. On sait qu'il fut fondé par Anba Bischaï, à la même époque, à 5 kilomètres au nord-ouest du Deir el-Abiad. Sa construction en briques cuites rouges, où seuls les angles et les portes sont en pierres taillées, lui a valu son nom.

Le Deir el-Abiad a subi de nombreuses restaurations au xiiie siècle et à la fin du xviiie. Les mamelouks y ont commis des dégâts importants vers 1812, tandis qu'ils incendiaient le Deir el-Ahmar. L'architecture des deux églises est, dans le plan général, tout à fait analogue. Il s'agit de basiliques à sanctuaire tréflé rentrant de 37 Œ 75 mètres (Deir el-Abiad) et de 23 Œ 44 mètres (Deir el-Ahmar). Elles sont entourées d'un haut mur d'enceinte d'environ 12 mètres qui en masque complètement l'intérieur à la manière des temples pharaoniques. Cette influence égyptienne est également présente dans la forme talutée des parois du Deir el-Abiad, dotées au nord, au sud et à l'est de gargouilles, souvenirs des temples d'époque romaine ; elle se note encore dans les corniches concaves des deux églises. Les façades sont scandées de deux rangées de fausses fenêtres rectangulaires au Deir el-Abiad, cintrées au Deir el-Ahmar.

Le couvent Blanc possédait six entrées, le couvent Rouge, deux. Ils ont une nef et deux bas-côtés avec retour au revers de la façade occidentale (19 et 4 colonnes pour l'un, 11 et 2 colonnes pour l'autre). Les bas-côtés étaient surmontés d'une galerie. Les toitures étaient constituées par des charpentes, qui, ruinées au Moyen Âge, ont été remplacées sur le sanctuaire par des voûtes et des coupoles. Au sud des nefs se trouve une longue salle (disparue au couvent Rouge), dont l'extrémité ouest se termine par une abside ornée de six colonnes qui devaient supporter des arcs. La destination de cette annexe est difficile à déterminer : salle de réunion, réfectoire ? Les petites chambres entourant les absides des chœurs forment un plan symétrique au couvent Rouge (deux pièces en forme de L), un plan complexe au couvent Blanc (trois pièces quadrangulaires et une pièce ronde). Les annexes occidentales ont été complètement détruites au couvent Rouge. Le narthex du couvent Blanc, à deux issues, présente au nord une abside en brique supportée par quatre colonnes. Au sud, une niche flanquée de deux portes donne accès à un escalier qui devait conduire aux terrasses.

La riche décoration sculptée des portes et des niches, à frontons souvent brisés, consiste en rinceaux d'influence syrienne, ou en frises à motifs végétaux se répétant sur linteaux et entablements. On rencontre parfois la coquille, l'aigle ou la croix enfermée dans une couronne. À l'origine, toutes les surfaces étaient enduites de stuc supportant des peintures, dont il ne reste que quelques vestiges. Dans la chambre située au nord de l'abside du couvent Rouge, on aperçoit encore un Christ debout entre deux personnages agenouillés. Au couvent Blanc, l'abside orientale est ornée d'un Christ trônant entouré des quatre Évangélistes et accompagné sur l'arc de la conque par la Vierge, saint Jean et quatre[...]

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Marie-Hélène RUTSCHOWSCAYA. SOHAG [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )