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CRAY SEYMOUR R. (1925-1996)

Père des supercalculateurs Seymour Cray naît le 28 septembre 1925 à Chippewa Falls, une petite ville du Wisconsin. Il se passionne très tôt pour la science et la technologie. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'illustre aux Philippines en découvrant les codes de transmission radio des Japonais. De retour aux États-Unis, il étudie à l'université du Minnesota à Minneapolis, où il obtient un diplôme d'ingénieur électricien et un master en mathématiques. En 1951, âgé de vingt-six ans, il décide de se consacrer aux ordinateurs.

Il intègre d'abord l'E.R.A. (Engineering Research Association), l'entreprise créée par William Norris. Mais, lorsqu'en 1957 celle-ci se retrouve, après une série de fusions, sous le contrôle de la multinationale Sperry, Norris se retire et crée Control Data Corporation (C.D.C.) à Minneapolis. Il recrute aussitôt Seymour Cray, qui, à l'instar de son patron, éprouve de l'aversion pour les grosses structures et pour la bureaucratie. Norris saura ménager les talents et la susceptibilité du jeune prodige en lui accordant une très large autonomie. Celui-ci demandera et obtiendra un laboratoire dans sa ville natale, à 150 kilomètres du siège de la compagnie. Son objectif : construire l'ordinateur le plus puissant du monde.

En 1960, son équipe fabrique le C.D.C. 1604, une machine révolutionnaire, qui abandonne la technique des tubes à vide pour les remplacer par des transistors. Vendu aux militaires et aux laboratoires de recherche, l'ordinateur concurrence la gamme d'I.B.M. Trois ans plus tard, Seymour Cray gagne son pari en sortant le C.D.C. 6600, un « broyeur » de chiffres, capable de traiter trois millions d'opérations par seconde. Big Blue est dépassé. Thomas Watson, le président d'I.B.M., passera alors un savon mémorable à ses troupes, devancées par une équipe de seulement trente-quatre personnes. Seymour Cray présentera ensuite le C.D.C. 7600, un monstre cinq fois plus puissant que son prédécesseur. Mais, lorsqu'en 1972 Norris retarde son projet, l'ingénieur met fin à sa collaboration et crée sa propre compagnie, Cray Research.

Quatre ans plus tard, son équipe sort le Cray-1. D'un volume quatre fois inférieur au modèle de C.D.C., cette machine est dix fois plus rapide. La jeune compagnie récupère son investissement initial en vendant le supercalculateur pour 8,6 millions de dollars au Los Alamos National Laboratory. Le constructeur connaît alors son âge d'or. Il maîtrisera environ 75 p. 100 du marché. Son carnet de commandes se développe, tout comme son chiffre d'affaires, qui approchera le milliard de dollars en 1994. En France, quelques dizaines de grandes entreprises, comme la Météorologie nationale, l'École polytechnique, Peugeot ou Aérospatiale, se dotent d'une machine Cray.

Face à la croissance de sa société, Seymour Cray prend du recul et cède les rênes à un vrai gestionnaire. Timide et réservé, celui que l'on surnomme le Génie devient de plus en plus excentrique. Ainsi, sa maison de Chippewa Falls dispose d'un abri antinucléaire et d'une piscine intérieure alimentée en eau potable. Passionné de voile, il construit aussi chaque printemps un petit voilier en bois. Puis, à la fin de l'été, il convie ses amis à une cérémonie rituelle au cours de laquelle il brûle le bateau. Une manière de montrer la nécessité de continuellement se ressourcer et de prendre de nouveaux départs.

Ce qu'il fait en 1982, en travaillant sur le Cray-2. Son idée : développer un ordinateur à partir d'un composant électronique à base d'arséniure de gallium. La machine s'avère cependant trop compliquée à fabriquer. Trois ans plus tard, il revient, la mort dans l'âme, aux composants en silicium. Le président de Cray Research se demande alors si l'avenir de la compagnie passe nécessairement par son fondateur,[...]

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Nicolas STIEL. CRAY SEYMOUR R. (1925-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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