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RAVACHOL FRANÇOIS CLAUDIUS KŒNIGSTEIN dit (1859-1892)

De son vrai nom Kœnigstein, Ravachol naît dans une famille ouvrière de Saint-Chamond. La misère et les désaccords familiaux entraînent le père, hollandais d'origine, à abandonner le foyer, et à l'âge de huit ans Ravachol est « placé » à la campagne pendant la belle saison ; l'hiver, il retourne à l'école. Après quelques années d'apprentissage, il devient ouvrier teinturier ; à dix-huit ans, il lit Le Juif errant d'Eugène Sue, qui lui révèle la « conduite odieuse des prêtres ». Il « perd complètement les idées religieuses » après avoir assisté à des conférences faites dans la région par des militants socialistes et il s'inscrit à un cercle d'études. Mais très vite l'anarchie lui paraît un moyen plus radical de satisfaire son désir de changement social ; il fréquente aussi les cours du soir, particulièrement les cours de chimie. Chassé de divers emplois, ayant ses frères et sœurs à charge, il est accordéoniste dans les bals, tout en se livrant à la contrebande des alcools, au faux-monnayage et au cambriolage. Le mouvement anarchiste d'alors prône la « propagande par le fait » et loue la « reprise individuelle », c'est-à-dire le vol. Ravachol tente de cambrioler un vieil ermite, enrichi par des années d'aumônes. Surpris par sa victime, il tue le vieillard. Arrêté peu après, il s'échappe, mais son évasion est si facile que certains compagnons anarchistes voient en lui un provocateur.

Sous le pseudonyme de Léon Léger, Ravachol se cache dans la banlieue parisienne ; les milieux anarchistes sont alors agités par la condamnation sévère de deux des leurs : Ravachol organise un vol de dynamite dans une carrière puis, le 11 mars 1892, va déposer sa bombe chez le conseiller Benoît, responsable de la sévérité des peines. L'immeuble est détruit, mais le conseiller en sort indemne. Le 27 mars, Ravachol récidive, chez le substitut Bulot cette fois : « J'ai voulu faire comprendre à tous ceux qui ont à appliquer des peines qu'il fallait à l'avenir qu'ils soient plus doux », expliquera-t-il lors de son procès. Reconnu trois jours après cet attentat par un garçon du restaurant Véry, il est arrêté. Il comparaît le 26 avril 1892 devant la cour d'assises de la Seine dans une atmosphère d'état de siège : la veille, le restaurant Véry a sauté. Ravachol est condamné aux travaux forcés à perpétuité et aussitôt transféré devant la cour d'assises de la Loire : il y répond du meurtre du vieil ermite et de deux autres meurtres qu'il nie farouchement. Condamné à mort, il accueille la sentence au cri de « Vive l'anarchie ! » ; sa conduite digne et calme lui a enfin gagné la sympathie de tout le mouvement anarchiste, certains voient même en lui le Christ de l'anarchie. L'exécution a lieu le 11 juillet de la même année. Ravachol meurt en criant « Vive la Révolution ! », après être monté sur l'échafaud en chantant une chanson du père Duchesne. Une chanson, La Ravachole, écrite sur l'air de La Carmagnole et du Ça ira, et l'usage du verbe « ravacholiser » témoignent de son renom dans les groupes anarchistes parmi lesquels il fera des émules.

— Paul CLAUDEL

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Paul CLAUDEL. RAVACHOL FRANÇOIS CLAUDIUS KŒNIGSTEIN dit (1859-1892) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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