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RAMGOOLAM sir SEEWOOSAGUR (1900-1985)

Certains hommes politiques symbolisent l'indépendance de leur pays et attachent leur nom à la fondation d'un nouvel État : sir Seewoosagur Ramgoolam, chef du gouvernement de l'île Maurice pendant près de vingt ans (de 1962 à 1982), était de ceux-là. Hindou, dans une société pluriethnique comportant officiellement quatre communautés (Indo-Mauriciens hindouistes et musulmans, Sino-Mauriciens, Blancs franco-mauriciens, créoles d'origine africaine), il a su mener son pays sans heurts à l'indépendance et ensuite préserver un équilibre difficile entre les « communautés » tout en ne mettant pas en cause le caractère démocratique du régime.

Né le 18 septembre 1900 à Belle-Rive, dans une famille de modestes paysans, Seewoosagur Ramgoolam allait connaître, au cours de son enfance, la dure condition des petits planteurs, dans une société coloniale dominée par les Blancs. Après une bonne scolarité au collège royal de Curepipe, il se rend en Grande-Bretagne en 1921 pour étudier la médecine. Au cours de son séjour, il milite au sein d'organisations étudiantes et rencontre Gandhi à Londres en 1932. En 1935, docteur en médecine, il retourne à l'île Maurice.

Il adhère au nouveau Parti travailliste fondé par Maurice Curé et participe aux mouvements des « laboureurs ». Avec quelques amis, il fonde un nouveau journal, Advance, dans lequel écriront Robert Edward Hart et Malcolm de Chazal. En 1940, il devient l'un des deux membres nommés du Conseil législatif, et est élu conseiller municipal de Port-Louis : dès lors et jusqu'à sa mort (c'est-à-dire pendant quarante-cinq ans), il ne cessera d'être, à des titres divers, l'un des acteurs de la vie publique mauricienne : député, élu à partir de 1948, plusieurs fois ministre, il devient chief minister en 1962, puis Premier en 1964 et enfin Premier ministre, en 1967, après les élections qui donnent la victoire à son parti, favorable à l'indépendance. Celle-ci ayant été proclamée le 12 mars 1968, S. Ramgoolam restera le Premier ministre de l'île Maurice indépendante jusqu'à juin 1982, date à laquelle les deuxièmes élections législatives organisées depuis l'indépendance (celles de 1976 lui avaient permis de se maintenir à la tête de la coalition) donnent une écrasante majorité à un nouveau parti, le Mouvement militant mauricien. Il devient alors gouverneur général, et il aurait été le premier président de la République mauricienne si la révision constitutionnelle destinée à substituer la République à la monarchie avait abouti ; et lorsqu'il mourut, le 15 décembre 1985, sir Seewoosagur Ramgoolam était toujours gouverneur général.

Habile et tenace, sir Seewoosagur Ramgoolam a su maintenir l'unité de son peuple et contribuer à faire apparaître une nation mauricienne, dont à la fin de sa vie il était le symbole. Sur le plan international, hostile à tout alignement mais profondément convaincu du danger communiste, il a mené une politique de coopération avec les pays occidentaux et notamment avec la France, dont il parlait la langue comme beaucoup de Mauriciens. Il a même eu, au-delà de son pays et dans certaines instances internationales, une audience sans rapport avec la taille de son île.

— Louis FAVOREU

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Pour citer cet article

Louis FAVOREU. RAMGOOLAM sir SEEWOOSAGUR (1900-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MAURICE ÎLE

    • Écrit par Jean BENOIST, Jean-François DUPON, Universalis, Louis FAVOREU
    • 5 762 mots
    • 3 médias
    ...les élections décisives du 7 août 1967 contre le P.M.S.D. hostile à l'indépendance. S'instaure alors un bipartisme assez satisfaisant : sir Seewoosagur Ramgoolam, le leader travailliste qui amène son pays à l'indépendance, devient Premier ministre, et le leader du P.M.S.D., Gaétan Duval, chef de l'opposition....