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PIGANIOL PIERRE (1915-2007)

Pierre Piganiol, qui est mort le 27 janvier 2007, était né en 1915 à Chambéry. Entré à l'École normale supérieure en 1934 dans la filière scientifique, et ayant opté pour la chimie, il y devint agrégé préparateur au laboratoire de chimie. Profondément patriote, il fonda avec son collègue, le biologiste Raymond Croland, un réseau de la Résistance qui faisait passer des renseignements à Londres. Croland fut arrêté par la Gestapo en février 1944 mais Piganiol échappa à l'arrestation. La guerre terminée, Pierre Piganiol participa à plusieurs missions dans l'Allemagne occupée pour s'informer des recherches menées par les Allemands. Ayant repris ses travaux de chimie, à la suite de conférences qu'il donnait à la Maison de la chimie, il fut amené à rencontrer, en 1947, le président de Saint-Gobain qui lui proposa d'entrer dans la société pour y diriger un grand laboratoire de recherche qu'il avait décidé d'y créer. Piganiol accepta la proposition et il se lança dans la recherche industrielle.

La recherche scientifique n'était pas une priorité des années d'après guerre, mais après que le gouvernement de Pierre Mendès France eut posé, en 1954, les bases d'une politique scientifique, des réformes furent proposées lors du colloque organisé à Caen en 1956, que le général de Gaulle, retourné au pouvoir en 1958, mit en œuvre. Un décret du 23 novembre 1958 créa ainsi un Comité interministériel de la recherche scientifique, présidé par le Premier ministre, et un Comité consultatif de la recherche scientifique et technique composé de douze personnalités scientifiques (que l'on appellera les « sages »). Ce décret créait un poste de délégué général à la recherche scientifique et technique, placé auprès du Premier ministre, et chargé d'animer un secrétariat commun aux deux comités. Pierre Piganiol, dont le général de Gaulle connaissait l'activité dans la Résistance, fut aussitôt nommé délégué général. Jouant avec habileté de la situation ambiguë de son secrétariat, il le transforma petit à petit en une véritable Délégation générale à la recherche scientifique et technique (D.G.R.S.T.), qui n'avait d'existence juridique que par son responsable (G. Ramunni, « De la politique scientifique française. Entretien avec Pierre Piganiol », in Revue pour l'histoire du C.N.R.S., no 1, nov. 1999). Celui-ci en fera l'organisme central de la politique de recherche française : une première loi de programme pour la recherche est votée en 1961, un Fonds de développement de la recherche ainsi que le Centre national d'études spatiales (C.N.E.S.) sont créés également la même année. Piganiol lance les « actions concertées » pour financer la recherche sur des thématiques prometteuses et des coopérations entre des laboratoires publics et privés ; ces actions contribueront, notamment, au démarrage de la biologie moléculaire en France. Estimant que la politique scientifique était sur les rails et que sa mission était terminée, Piganiol quitta ses fonctions en 1961 après avoir fait consolider par décret le statut administratif de la D.G.R.S.T., et il retourna chez Saint-Gobain comme conseiller scientifique de la direction.

Piganiol n'abandonna pas son intérêt pour la politique de la recherche à laquelle il consacra plusieurs livres (P. Piganiol et L. Villecourt, Pour une politique scientifique, 1963 ; P. Piganiol, La Recherche mal menée, 1987). Il continuera à exercer son influence à travers diverses instances, présidant, en particulier, le conseil d'administration de l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.). Il va aussi s'attacher à plaider la nécessité d'une vision prospective de l'avenir, contribuant au développement des activités de prospective en France que Gaston Berger avait lancées. Dans son livre [...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'École de physique et chimie de Paris, président d'honneur de l'Observatoire des sciences et des techniques

Classification

Pour citer cet article

Pierre PAPON. PIGANIOL PIERRE (1915-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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