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BUCHEZ PHILIPPE (1796-1865)

Tout en poursuivant des études de médecine qui le mèneront au doctorat, Buchez adhère, en 1821, à la Charbonnerie ; il en sera l'un des animateurs en France. Après avoir lu le Nouveau Christianisme en 1825, il se déclare saint-simonien. Mais, en désaccord avec l'orientation donnée par Enfantin au mouvement, il rompt avec la secte en 1829 et tente de regrouper les dissidents afin de défendre la « véritable » doctrine de Saint-Simon. Dès cette époque, Buchez consacre ses efforts à édifier une synthèse entre le christianisme, auquel il se convertira dix ans plus tard, le socialisme et les idéaux de la Révolution française. Pour montrer que cette dernière a été une tentative grandiose de mise en pratique des préceptes de l'Évangile, il publie en collaboration avec Roux-Lavergne une Histoire parlementaire de la Révolution française en quarante volumes (1834-1838). Les principes philosophiques qui s'y trouvent épars sont systématisés dans l'Essai d'un traité complet de philosophie au point de vue du catholicisme et du progrès (1839-1840). Selon Buchez « la société n'est pas uniquement l'expression des tendances individuelles », elle est soumise à des lois particulières, qui forment une « physiologie sociale ». Celle-ci est elle-même gouvernée par une « science de l'histoire », qu'il rattache à une cosmogonie où le moteur du progrès est Dieu. Cette pensée, qui a été caractérisée comme relevant de l'« âge théologique de la sociologie », n'en marque pas moins, dans son souci d'étudier les phénomènes sociaux « avec les méthodes usitées dans les autres sciences », une étape dans l'émergence d'une sociologie scientifique.

À partir de 1840, Buchez se consacre à l'activité pratique et fonde un journal, L'Atelier, « organe des intérêts moraux et matériels des ouvriers », qui paraîtra jusqu'en 1850. Il y développe un plan de réforme de la société fondé sur l'association ouvrière. Ces associations, qui sont des coopératives ouvrières de production formées sur la base d'un capital inaliénable et indissoluble, doivent, selon lui, en se propageant, permettre de rassembler un « capital ouvrier » global sur lequel la classe laborieuse pourra s'appuyer ; leur généralisation poserait les fondements d'une rénovation de la société par l'associationnisme. Mais ce plan n'a connu qu'une application très limitée, avec la création, en 1834, de l'Association des ouvriers bijoutiers en doré.

Adjoint au maire de Paris en février 1848, Buchez s'occupe alors activement de la garde nationale et de la mise sur pied des ateliers nationaux. Élu à la Constituante, il en devient le premier président (5 mai-6 juin). Contre Louis-Napoléon Bonaparte, il soutient Cavaignac. Son échec à l'élection législative de mai 1849 marque la fin de sa courte carrière d'homme politique. Il retourne à ses études, se consacrant notamment à la rédaction d'un Traité de politique et science sociale, qui paraîtra après sa mort (1866).

— Jean-Louis KLEIN

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Pour citer cet article

Jean-Louis KLEIN. BUCHEZ PHILIPPE (1796-1865) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉCONOMIE SOCIALE

    • Écrit par Éric BIDET
    • 6 010 mots
    ...confortables dans un esprit communautaire et sur le principe de la participation des meilleurs ouvriers à la gouvernance et au capital de l’entreprise. Quant à Buchez, il demeure connu comme un pionnier, dès 1834, de la coopération de travailleurs et comme un pourfendeur de la concurrence et de l'entrepreneur...