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VOLPONI PAOLO (1924-1994)

Poète et romancier né à Urbino, Paolo Volponi s'oriente d'abord vers des études universitaires de droit. La contemplation élégiaque des paysages des Marches inspire son premier recueil de poésies, Il Ramarro (1948). Le lien physique entretenu avec le monde animal s'intensifie dans L'Antica moneta (1955) et Le Porte dell'Appennino (prix Viareggio, 1960). De ces recueils émerge une « mythologie viscérale » qui dépasse le lyrisme idyllique des débuts, tandis que le regard porté sur la vie paysanne se fait plus concret.

À partir de 1953, Volponi vit entre Rome et Ivrea, où il est directeur des services sociaux d'Olivetti. Ce contact avec les réalités sociales du pays et la fréquentation de Pasolini, Attilio Bertolucci et Bassani, influent sur son premier roman, La Repubblica borghese. Rédigé vers 1961, il retrace le cheminement de quelques jeunes gens, fuyant un Urbino déclinant pour retrouver à Rome la même corruption. Jugé trop immature, ce texte ne paraîtra que trente ans plus tard, sous le titre La Strada per Roma (La Route de Rome, prix Strega 1991). Au cœur du « miracle économique italien », Memoriale (Pauvre Albino, 1962) et La Macchina mondiale (Le Système d'Anteo Crocioni, prix Strega 1965) dénoncent la marginalisation d'ouvriers névrotiques et visionnaires, aux prises avec la rationalité du monde industriel. Alors que dans le premier roman, Albino Saluggia rejette les nouvelles contraintes d'efficacité de l'usine en se repliant sur une vision idyllique de l'univers campagnard d'autrefois, dans le second, Anteo Crocioni, poussé par sa vision utopique de la société moderne, conçoit au contraire des machines jugées trop novatrices, qui lui valent une même exclusion du système. Ces victimes deviennent ainsi l'instrument d'une critique des menaces de déshumanisation liées au progrès technologique, qui demeurera l'un des thèmes majeurs de l'œuvre de Volponi.

Volponi devient ensuite conseiller de la Fiat en matière socio-culturelle et publie Corporale (1974), qui décrit les échecs et les obsessions d'un déçu du communisme et de l'usine. Subjective ou détachée grâce à un regard ironico-critique, l'écriture y milite pour une « rationalité authentique », contre la désintégration, physique et psychique, qui menace l'individu. Paraît ensuite Il Sipario ducale (Le Duc et l'Anarchiste, prix Viareggio 1975), chef-d'œuvre d'achèvement formel et réflexion sur l'Utopie, qui oppose l'univers difforme d'un aristocrate à l'harmonie d'un couple de vieux anarchistes. Reprenant le ton de l'historiographie, Il Pianeta irritabile (La planète irritable, 1978) met en scène la lutte de quatre chevaliers de l'Apocalypse, grotesques et féroces, contre la logique déficiente de l'univers. À cette fable morale succèdent une anthologie de poèmes déjà parus, Poesie e poemetti (1946-1966) ; le récit réaliste Il Lanciatore di giavellotto (Le Lanceur de javelot, 1981), qui relate les tourments œdipiens d'un adolescent au cœur de l'Italie fasciste ; et deux recueils de poésies inédites, Con testo a fronte (1986) et Nel silenzio campale (1990). Inquiète et tumultueuse, la maturité poétique de Volponi est caractérisée par l'effacement des démarcations entre vers et prose, entre onirisme et réalisme, ainsi qu'entre les deux principaux espaces de son œuvre, les paysages de l'Apennin et le monde de l'usine. Le roman Le Mosche del capitale, (Les Mouches du capital, 1989) décrit ainsi l'urbanisme global qui se développe autour du travail industriel.

Publiant ses nouvelles dans Officina et Alfabeta, dont il devient rédacteur, Volponi est également sénateur du P.C.I., puis de Refondation communiste jusqu'en 1993. À l'image de sa vie, partagée entre l'écriture et une intense activité industrielle[...]

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Écrit par

  • : DEA de littérature italienne contemporaine à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Pour citer cet article

Carina MEYER-BOSCHI. VOLPONI PAOLO (1924-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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