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OSTROVSKI NIKOLAÏ ALEXEÏEVITCH (1904-1936)

« Si nous n'étions en U.R.S.S., je dirais que c'est un saint », écrit Gide au retour de ce pays, « un saint communiste... ». Et en effet : né dans une famille pauvre, plongé très tôt dans le monde du travail, membre du Komsomol à quinze ans, Nikolaï Ostrovski prend part à la guerre civile dans les rangs de la Ire armée de cavalerie de Boudienny, celle que décrit Babel dans Cavalerie rouge. Gravement blessé en 1920, infirme, il s'adonne alors tout entier à sa tâche de responsable du Komsomol, à l'édification de la nouvelle société. Mais, à la suite d'une polyarthrite, il est entièrement paralysé ; bientôt aveugle, il se trouve au bord du suicide, une vie hors de la lutte n'ayant pas de sens pour lui. L'écriture prend alors la forme d'un combat : ainsi naît Et l'acier fut trempé (Kak zakaljalas' stal', 1934), sa biographie romancée. C'est aussitôt le succès, on lui écrit de toute l'U.R.S.S., on se presse à son chevet. Il poursuit malgré ses souffrances son travail littéraire, mais n'achève que le premier volume de la trilogie projetée Enfantés par la tempête (Roždënnye burej, 1936). De fait, Ostrovski est l'homme d'un livre, considéré comme le modèle et le chef-d'œuvre de la « littérature des komsomols ». Ostrovski et son héros, Pavel Kortchaguine, sont devenus le symbole de la génération de la guerre civile et de l'édification du socialisme. Influences évidentes, éclectisme du style, nombreux clichés, personnages embellis, manichéisme : l'œuvre peut paraître faible, naïve en tout cas. Mais sa force et l'emprise que le livre exerce encore sur les adolescents sont justement dues à cette sincérité, à cette identification totale de l'auteur-héros à tous ses actes, à cette soif d'absolu qui commande tous les sacrifices et, comme l'a dit Gorki à propos d'Ostrovski, à cette « victoire de l'esprit sur le corps ».

— Alexis BERELOWITCH

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître de conférences à l'université de Paris-Sorbonne

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Alexis BERELOWITCH. OSTROVSKI NIKOLAÏ ALEXEÏEVITCH (1904-1936) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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