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WINDING REFN NICOLAS (1970- )

Nicolas Winding Refn est la grande révélation récente du cinéma danois. Son huitième long-métrage, Drive, prix de la mise en scène au festival de Cannes de 2011, lui a apporté une consécration internationale. Dès ses débuts, en 1996, son art de marier les codes du film de genre aux exigences du cinéma d'auteur a séduit et étonné.

Un bouillonnement esthétique

Nicolas Winding Refn est né à Copenhague, en 1970, d'une mère photographe et d'un père monteur qui a notamment travaillé avec Lars von Trier. À l'âge de huit ans, il suit sa mère à New York, où elle refait sa vie avec un photographe danois. Dyslexique, ignorant totalement l'anglais à son arrivée, le jeune garçon passe ses journées à regarder la télévision. Il se découvre une passion pour les films de genre qui le conduira à entamer des études de cinéma. Il se fait renvoyer de l'American Academic Dramatic Arts, puis, après être retourné vivre à Copenhague, est admis à la prestigieuse Danish Film School. Il renonce à y entrer lorsqu'un producteur, après avoir vu un film d'une quinzaine de minutes qu'il a écrit, interprété et réalisé en le finançant lui-même, lui propose de réaliser sur le même thème ce qui deviendra son premier long-métrage, Pusher (1996). Tourné « à l'instinct » et dans l'ordre chronologique avec de jeunes inconnus, dont Mads Mikkelsen, qui deviendra son comédien fétiche, le film fait sensation dans le cinéma danois. Si l'on y retrouve, pour dépeindre le monde des petits trafiquants, la marque du Martin Scorsese de Mean Streets, dans un mélange de réalisme et de stylisation, Pusher pose aussi les fondations de ce qui constituera le style de Winding Refn. La musique y est déjà utilisée comme un écho au bouillonnement intérieur de personnages qui s'expriment en de brusques déchaînements de violence.

Le succès du film permet au cinéaste de réaliser avec la même équipe un deuxième long-métrage, Bleeder(1999), qui tient davantage de la chronique sociale que du polar, même s'il y est encore beaucoup question de comportements violents. On peut voir un autoportrait dans le personnage de Mads Mikkelsen, cinéphile boulimique employé d'un vidéo-club, qui finit par déclarer sa flamme à une jeune serveuse interprétée par Liv Corfixen, future épouse de Winding Refn. Le réalisateur traverse ensuite l'Atlantique pour une première expérience américaine : Inside Job (Fear X) est réalisé au Canada en 2002 avec John Turturro. Ce thriller psychologique, qui évoque par certains côtés l'étrangeté d'un David Lynch, ne rencontre pas le succès escompté. De plus, le retrait du distributeur italien lors du tournage contraint Winding Refn à s'engager financièrement pour pouvoir achever le film. À sa sortie, il se retrouve endetté à hauteur d'un million de dollars. Il lui faut accepter ce qu'il s'était juré de ne jamais faire : exploiter le succès de Pusher.

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Philippe ROUYER. WINDING REFN NICOLAS (1970- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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