LEWIN MOSHE (1921-2010)

Historien spécialiste de l'Union soviétique, et plus particulièrement de l'histoire sociale du stalinisme. Né en 1921 à Vilnius (Wilno, alors en Pologne) dans une famille juive, il est sauvé par des soldats de l'Armée rouge alors que sa famille est massacrée par les nazis. Séjournant en U.R.S.S. jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il apprend à en connaître le peuple et la langue. Il s'engage ensuite dans un parti sioniste marxiste, participe à la guerre israélienne de 1956 contre l'Égypte de Nasser mais, profondément déçu, il change de voie et s'inscrit à l'université de Tel-Aviv où il obtient une bourse française. Il prépare alors à la Sorbonne une thèse d'histoire sur la paysannerie soviétique, soutenue en 1964 et publiée sous le titre La Paysannerie et le pouvoir soviétique : 1928-1930 (Mouton, Paris-La Haye, 1966). Directeur d'études associé à l'École pratique des hautes études, il publie Le Dernier Combat de Lénine (Minuit, 1967) qui le fait connaître en France. Puis il est professeur à l'université de Birmingham (1968-1978), avant d'obtenir une chaire d'histoire à la prestigieuse université américaine de Pennsylvanie. Tous ses travaux offrent une analyse du système social soviétique qui révèle les mutations profondes de la société et réfute la thèse de « l'immobilisme totalitaire » (La Formation du système soviétique. Essais sur l'histoire sociale de la Russie dans l'entre-deux-guerres, Gallimard, Paris, 1987 ; La Grande Mutation soviétique, La Découverte, Paris, 1989). Privilégiant l'étude comparatiste des totalitarismes, il organise plusieurs colloques avec l'historien britannique Ian Kershaw (Stalinism and Nazism : Dictatorships in Comparison, Cambridge University Press, 1997). Après sa retraite, en 1995, il revient en France, pays dont il a acquis la nationalité. Son dernier ouvrage Le Siècle soviétique est publié en 2003 par Le Monde diplomatique – avec lequel il collaborait depuis 1990 – et les éditions Fayard.

— Universalis