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THÉATO MICHEL (1878-1919)

Le palmarès olympique fourmille de quelques curiosités. Ainsi, le premier champion olympique français d'athlétisme se nomme Michel Théato : il remporta le marathon aux jeux Olympiques de Paris en 1900. Or on sait désormais avec certitude que celui-ci était luxembourgeois, mais le grand-duché ne portera aucune réclamation auprès du C.I.O et le palmarès ne sera jamais rectifié.

Michel Théato est né le 22 mars 1878 à Luxembourg. À l'âge de douze ans, il gagne la France, où il devient ouvrier ébéniste à Saint-Mandé, en banlieue parisienne. Il pratique la course à pied sous les couleurs du Racing Club, qui l'emploie parfois comme jardinier. Le 19 juillet 1900, il est l'un des dix-neuf courageux qui prennent le départ du marathon réservé aux « amateurs », organisé à la fois dans le cadre de l'Exposition universelle et des jeux Olympiques de Paris. Ce marathon se court sous une forte chaleur (jusqu'à 39 0C), sur une distance de 40,260 kilomètres, sur les boulevards de ceinture (les « fortifications de Paris »), sans que les activités quotidiennes de la population soient interrompues, ce qui gênera quelques concurrents, un peu perdus et déboussolés par les badauds, les automobiles et autres carrioles. À 14 h 36, à la Croix-Catelan, les dix-neuf courageux s'élancent – seulement sept d'entre eux termineront la course, tous les autres renonçant, vaincus par le soleil et l'épuisement. Théato part prudemment, alors que le Suédois Ernst Fast, après s'être trompé de sens au départ, a fait demi-tour, est revenu sur ses rivaux, puis a pris la tête en compagnie du Français Émile Champion, un bon spécialiste des courses de grand fond. Théato force l'allure au Pré-Saint-Gervais, puis rejoint Fast, défaillant, vers la porte de Châtillon. Théato s'échappe alors et s'impose en 2 h 59 min 45 s, applaudi par deux mille personnes à la Croix-Catelan. À vingt-deux ans, il devient champion olympique du marathon.

À l'époque, on s'inscrit de manière individuelle pour participer aux épreuves. Michel Théato, qui réside en banlieue parisienne, est donc considéré comme français. La nationalité française de son dauphin, un employé de commerce de vingt et un ans, Émile Champion (3 h 4 min 17 s), est avérée. Le Suédois Ernst Fast, un jeune homme de dix-neuf ans qui travaille sur l'Exposition universelle, est troisième à 37 min 29 s. Quant au Canadien Dick Grant, sixième, il prétend avoir été renversé par un cycliste alors qu'il allait dépasser Michel Théato : il portera réclamation devant les autorités sportives, puis saisira la justice ; il sera à chaque fois débouté. En outre, plusieurs concurrents américains contestent la victoire de Michel Théato, qu'ils soupçonnent d'avoir pris des « raccourcis » grâce à sa parfaite connaissance des dédales parisiens. Toutes ces allégations s'avèrent sans fondements, et le succès de Théato ne souffre plus aujourd'hui d'une quelconque suspicion.

Après son triomphe olympique, Michel Théato annonce qu'il va passer professionnel, mais il ne brillera guère et son succès dans le « marathon des fortifs » demeure sa seule victoire connue. Il s'éteint en 1919 à Paris.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pierre LAGRUE. THÉATO MICHEL (1878-1919) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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