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MONTESSORI MARIA (1870-1952)

Maria Montessori - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

Maria Montessori

Assistante à la clinique psychiatrique de l'université de Rome, première Italienne à laquelle cette dernière ait conféré le grade de docteur en médecine, Maria Montessori (née à Chiaravalle, près d'Ancône, décédée à Noordwijk, Pays-Bas) présenta au congrès pédagogique de Turin en 1898 un rapport d'éducation morale dont l'orientation plus pédagogique que médicale lui valut la charge d'un cours sur l'éducation des enfants arriérés (école orthophrénique). L'expérience — elle enseignait elle-même aux enfants — la conduisait à penser que les méthodes appliquées, particulièrement le recours à l'activité spontanée, « n'avaient rien de spécifique pour l'instruction des idiots », les déficients n'ayant pas eu la force de se développer et les petits enfants n'en ayant pas eu le temps. Elle étudia de façon approfondie les travaux de Jean Itard (Mémoire sur le sauvage de l'Aveyron, 1798), puis la méthode physiologique d'Édouard Seguin, qui consistait à « conduire l'enfant, comme par la main, de l'éducation du système musculaire à celle du système nerveux et des sens » (Traitement moral, hygiène et éducation des idiots, Paris, 1846) et qui était appliquée à Bicêtre par le docteur Bernouville (Assistance, traitement et éducation des enfants idiots et dégénérés, Paris, 1895). Cette étude confirma Maria Montessori dans son intuition : « Il ne s'agissait pas seulement d'observer [influence des travaux de Wundt] mais de transformer » (Il Metodo della pedagogia scientifica applicato all'autoeducazione infantile nelle case dei bambini, Rome, 1909 ; trad. franç. Pédagogie scientifique, 1919). Et il convenait de transformer d'abord l'école : rendre en quelque sorte à l'enfant sa liberté. Le souci de cette liberté, depuis L'Émile de Rousseau, pour ne pas remonter au Montaigne de l'Institution des enfants (Essais, I, xxvi) ni à l'Essai sur l'origine des connaissances humaines de Condillac (1746), avait bien tenté quelques pédagogues (entre autres, J. B Basedow, K. F. Bahrdt, J. H. Pestalozzi, F. Fröbel), mais n'avait pu vraiment franchir le seuil de la « salle de classe » d'une façon autre qu'expérimentale. L'auto-éducation cherchait sa mesure entre l'adage de Rousseau : « tout dégénère entre les mains de l'homme » et celui d'Helvétius : « l'homme n'est rien sans l'œuvre de l'homme » — ce qui revenait, en termes montessoriens, à chercher comment conjuguer liberté, aide et respect.

En janvier 1907, l'occasion se présenta de « recueillir les petits enfants des locataires d'une grande bâtisse, de trois à sept ans (c'est-à-dire à une période particulièrement sensible dans la croissance des enfants), et de les réunir en une salle sous la direction d'une maîtresse logée elle-même dans le bâtiment ». La première « maison des enfants » venait de naître. Tout le matériel, pour la vie pratique comme pour le développement, était proportionné à l'enfant de manière à lui permettre d'opérer des choix et donc de rectifier lui-même ses erreurs comme de mesurer ses progrès. « La première notion que doivent acquérir les enfants pour que la discipline soit active, c'est la notion du bien et du mal : et le devoir de l'éducatrice est d'empêcher l'enfant de confondre le bien avec l'immobilité, et le mal avec l'activité. » Car la liberté est à bien entendre : c'est celle d'un enfant avec d'autres dans « un milieu préétabli », dans un environnement qui reflète en miniature les modèles de culture et de civilisation, donnant à la fois la possibilité de créer et d'imiter. « Il s'agit de libérer l'enfant des obstacles qui empêchent[...]

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Gilbert GIANNONI. MONTESSORI MARIA (1870-1952) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Maria Montessori - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

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