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MANHATTAN TRANSFER, John Dos Passos Fiche de lecture

Deuxième roman de John Dos Passos (1896-1970), Manhattan Transfer attira l'attention par ses innovations stylistiques et ses évocations impressionnistes ou naturalistes de la ville moderne. Le titre du livre renvoie à la gare de triage de New York et c'est bien la moderne monstrueuse et fascinante « metropolis », qui en constitue la véritable protagoniste, à travers le tourbillon des visages et des rythmes qui portent le récit et suscitent une atmosphère de tour de Babel. Dans son espace démesuré, se dessine alors l'aventure de l'uniformité, le triste itinéraire de l'homme privé de ses anciennes coutumes, de son cadre naturel, et entraîné dans une course vaine.

Dans la jungle des villes

Tout au long du roman, les vies d'une vingtaine de personnages principaux sont évoquées presque simultanément au cours de brefs épisodes dramatiques. Au lieu de success-stories, Dos Passos évoque des destins peu glorieux tel que celui d'Ellen Thatcher Oglethorpe, qui devient célèbre comme actrice en renonçant au bonheur. Son premier mari, John Oglethorpe, est homosexuel, et il lui faut accepter les avances de son imprésario, Harry Goldweiser, qu'elle méprise. Stan Emery, l'homme qu'elle aime réellement, sombre dans la boisson, épouse une autre actrice et meurt en mettant le feu à son appartement. Ellen épouse ensuite le dévoué Jimmy Herf. Bien qu'ils aient un enfant et qu'elle décide d'abandonner la scène, ils divorcent rapidement. Jimmy, étudiant et cousin de Joe Harland, un ancien milliardaire ruiné, poursuit dans le journalisme une carrière assez minable qu'il abandonne pour refaire sa vie ailleurs. Bud Korpenning, qui a tué son père, est venu chercher un emploi dans la métropole. Mais, après dix ans de petits boulots et de mendicité, il se jette dans l'Hudson. D'autres personnages sont mieux adaptés au mode du « non-penser » qui caractérise l'existence urbaine. Ainsi de Congo Jake, le bootlegger nègre, ou de Joe Harland, devenu clochard. Gus Mc Niel, un riche entrepreneur, et le syndicaliste Joe O'Keefe représentent les pôles opposés d'un même univers social. Le banquier James Merrivale, familier du beau monde, offre une autre facette de ces destins incompatibles, tout comme George Baldwin, avocat et politicien peu scrupuleux, ou Cassandra Wilkins, l'esthète absurde. Ils sont, eux, l'incarnation de la décadence urbaine. Quant à l'espace urbain, il apparaît rongé, gangrené par les matériaux qui le constituent : « Le soleil levant le trouve [Jimmy] en marche sur une route de ciment entre des terrains vagues pleins de détritus fumants. Le soleil brille rougeâtre dans le brouillard, sur des treuils rouillés, sur des squelettes de camions, des ossements de Ford, des masses informes de métal corrodé... »

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Pour citer cet article

Michel FABRE. MANHATTAN TRANSFER, John Dos Passos - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DOS PASSOS JOHN (1896-1970)

    • Écrit par Jeanine PAROT
    • 2 388 mots
    • 1 média
    C'est au Moyen-Orient où il voyage, entre autres pays, comme journaliste, qu'il écrit un deuxième roman marquant : Manhattan Transfer – la gare de triage de New York – (1925). Il y aborde le mode de vie américain selon une optique déjà axée sur le rôle déterminant de la société par rapport...

Voir aussi