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Living in the plastic age, BUGGLES

The Buggles est un duo pop britannique à tendances synthétiques, créé en 1979, qui s'est cantonné au travail de studio. Jusque-là musiciens de l'ombre, Trevor Horn et Geoffrey Downes sont, en 1979, du jour au lendemain, propulsés en tête des hit-parades internationaux avec Video Killed the Radio Star, un tube au refrain obsédant sur trois accords. Car, tout en conservant de manière sous-jacente certains acquis du rock progressif, comme la sophistication de la production et les brusques changements de climats, Horn et Downes savent écrire des tubes pop aux mélodies qui se retiennent. Après deux albums en 1980, The Age of Plastic – qui comporte la chanson Living in the Plastic Age – puis Adventures in Modern Recording, les deux protagonistes rejoignent Yes pour un album, Drama (1980), et une tournée. Trevor Horn fonde en 1983 le label ZTT Records, qui produira Cher, mais aussi Rod Stewart ou Seal. C'est aussi sous sa houlette que se forme Art of Noise, un trio instrumental qui anticipe l'invasion des samplers dans la musique populaire.

The Age of Plastic et Adventures in Modern Recording ont permis à Trevor Horn d'expérimenter des techniques permettant de contrôler le son, préfigurant ainsi l'importance grandissante du producteur, qui ira jusqu'à ébranler, dix ans plus tard, pendant les années dance, la notion même d'artiste, l'interprète étant alors relégué au second plan.

Dans un registre plus créatif, Trevor Horn développera, comme producteur et arrangeur de ZTT Records, ses goûts pour le kitsch, avec le groupe de Sheffield ABC (The Lexicon of Love, 1982), pour les outils technologiques, avec le collectif instrumental Art of Noise, pour le contrôle musical total, avec la formation de Liverpool Frankie Goes to Hollywood, pour la dislocation du format chanson, avec les Allemands de Propaganda.

Living in the Plastic Age, dont l'essence est proche de l'univers de la bande dessinée, décrit un monde technologique de façon cynique et dérisoire. Afin de plaire au plus grand nombre, ses atouts musicaux sont nombreux. Le travail sur les lignes vocales est élaboré: Trevor Horn, qui est loin d'être un chanteur exceptionnel, maîtrise cependant parfaitement les artifices de studio (écho, modulations...), ce qui lui permet d'habiller sa voix différemment selon les séquences; des chœurs féminins lui répondent dans un registre plus pop. L'autre force de ce titre est la profusion de gimmicks qui ressurgissent sans cesse comme les comptines de l'enfance. L'atmosphère futuriste et cynique peut être rapprochée de celle du groupe américain Devo, qui avait commencé sa carrière dans le radical et l'iconoclaste. Le beat de la boîte à rythmes (sans doute une Linn Drum, la première à sons échantillonnés) investit toute la chanson, qui comprend des passages grandiloquents et quelques sons grotesques (le synthétiseur notamment) manifestant un second degré musical indéniable.

— Eugène LLEDO

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore