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LLORENTE JUAN ANTONIO (1756-1823)

Après des études de philosophie à Tarragone et de droit à Saragosse, Juan Antonio Llorente est ordonné prêtre ; il est promu docteur en droit canon en 1779.

Avocat du Conseil suprême de Castille en 1781, vicaire général du diocèse de Calahorra en 1782, il devient secrétaire général de l'Inquisition à Madrid, fonctions qu'il exerce entre 1789 et 1791 ; c'est à cette période qu'il commence à écrire dans un domaine où le souci d'objectivité supplante l'éloquence traditionnelle, l'histoire.

En 1790, ses Discours historico-canoniques sur l'origine et la nature des bénéfices canoniaux de l'église de Calahorra (Discursos histórico-canónicos relativos al origen y naturaleza de los beneficios de la iglesia de Calahorra) voient le jour, et le ministre éclairé de Charles IV, le comte de Florida Blanca, le fait nommer membre de l'Académie d'histoire, récemment créée. Revenu en 1791 à Calahorra, Llorente y accueille les prêtres français émigrés. En 1793, à l'instigation de l'écrivain Jovellanos, alors ministre de la Justice, l'inquisiteur général fait appel à lui pour réformer l'Inquisition ; Llorente consacre quatre années à cette œuvre, s'employant notamment à donner une certaine publicité aux procédures jusque-là secrètes du Saint-Office. La disgrâce de Jovellanos, en 1798, fait avorter la réforme, et l'Inquisition s'acharne contre Llorente ; démis de ses fonctions au Saint-Office, il doit se retirer dans un couvent (1801). Il profite de cette assignation à résidence prolongée pour rédiger divers ouvrages, dont le plus célèbre est Notices historiques sur les provinces basques et leurs droits respectifs (Memorias históricas de las cuatro provincias vascongadas, Madrid, 1806-1807) ; l'exil terminé, il devient chanoine de l'église primatiale de Tolède, puis écolâtre du chapitre et chancelier de l'université en 1806. Il est promu chevalier ecclésiastique de l'ordre de Charles III.

Lors de l'invasion napoléonienne de 1808, il se rallie par progressisme à l'occupant. Devenu membre du Conseil d'État sous Joseph Bonaparte, il milite en faveur de l'abolition de l'Inquisition (1809), et le nouveau souverain le charge d'en écrire l'histoire ; durant cette brève période, il assume les fonctions de directeur des Biens nationaux, confisquant au profit de l'État les biens de ceux qui faisaient partie du gouvernement d'opposition fixé à Cadix ; il publie aussi des pamphlets contre la junte insurrectionnelle.

En 1814, il s'exile à Paris, tandis que le roi Ferdinand VII, qui a récupéré son trône, le condamne au bannissement et procède à la confiscation de ses biens. Llorente achève L'Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne, publiée à Paris (1817-1818) et diffusée rapidement en raison de l'importance des pièces authentiques qu'elle révèle et du style concis qui la caractérise. Traduit en plusieurs langues, l'ouvrage soulève des polémiques qui valent à son auteur une succession d'interdits. Ne pouvant désormais célébrer les offices, ni exercer ses fonctions de professeur d'espagnol, Llorente poursuit dans l'ombre ses travaux d'érudition. Entre 1818 et 1822 paraissent entre autres écrits la Notice biographique, ou Mémoires de l'auteur (Noticia biográfica, o Memorias para la historia de mi vida, Paris, 1818) et surtout Les Portraits politiques des papes (Paris, 1822) : il y prend parti contre les abus de la religion, et est expulsé par les autorités françaises. Il regagne donc l'Espagne, à la faveur de la brève victoire des libéraux, et meurt à Madrid.

Durant l'occupation française en Espagne, Llorente s'était, dans l'entourage du roi Joseph, lié d'amitié avec le général Léopold Hugo ; très jeune, Victor fut en relation avec[...]

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Marie-France SCHMIDT. LLORENTE JUAN ANTONIO (1756-1823) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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