Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NOHAIN JEAN (1900-1981)

« Vous êtes merveilleux, et bien de chez nous ! On l'applaudit bien fort... » Lancées par Jean Nohain au cours de l'émission de télévision « Trente-Six Chandelles », ces deux petites phrases ont fait sourire plus d'un Français ? À tel point que sous le masque de la gentillesse – non feinte – on a tendance à oublier que Jean Nohain fut un créateur toujours à la recherche d'une idée nouvelle, dans le domaine de la radio, puis de la télévision.

Jean-Marie Legrand est né en 1900 à Paris. C'est sa passion pour les enfants qui le détourne de sa vocation première : avocat à la cour d'appel de Paris. Son père, le poète au nom de plume Franc-Nohain (librettiste de L'Heure espagnole de Ravel), lui confie la responsabilité de la page enfantine de L'Écho de Paris. Cette vocation journalistique trouvera un prolongement durable avec la création par Jaboune (pseudonyme issu d’un surnom enfantin qu'il gardera toute sa vie) de « Benjamin », de « Bonjour Dimanche » et de « Notre Temps ». Mais Jean Nohain, qui se considérait avant tout comme un journaliste, fut un « touche-à-tout » de talent. Au début des années 1930, son frère, Claude Dauphin, lui présente une jeune comédienne de l'Odéon, Mireille, qui est également compositeur. Sur ses musiques inspirées de rythmes américains mais, paradoxalement, bien françaises, Nohain écrit des paroles de chansons gaies et non conformistes, qui annoncent Prévert et Trenet. Le glas de la romance dite « réaliste » a sonné ! Comme le racontera Nohain, « de mon union musicale et amicale avec Mireille naquirent, si j'ose dire, une cinquantaine d'enfants aux aptitudes diverses ». Ces chansons, tout le monde les fredonne encore. Pourtant, Couchés dans le foin, créé par Pills et Tabet, sera refusé par plusieurs éditeurs avant de rapporter gloire et fortune à ses auteurs. Mais, très vite, les grandes vedettes chantent Mireille et Jean Nohain : Dranem (Papa n'a pas voulu), Maurice Chevalier (Quand un vicomte), Jean Sablon (Puisque vous partez en voyage), Marie Dubas (Tant pis pour la rime). Jean Nohain se montrera aussi inventif dans ses collaborations avec d'autres compositeurs. Son humour sera grinçant avec Hanns Eisler (Mon oncle a tout repeint), satirique avec Francis Poulenc (La Reine de Saba), et ses opérettes – avec Mireille et Claude Pingault – seront de gros succès, dont il faut retenir au moins Plume au vent et Le Bal des pompiers.

En 1923, Jean Nohain découvre ce qu'on nomme encore la T.S.F., au Poste Radiola. Il y crée le premier jeu radiophonique jamais inventé : « Avec quoi faisons-nous ce bruit ? » ; tout comme il sera le premier, au début des années 1930, alors que seul le « direct » se pratique, à proposer une émission pré-enregistrée : « Le Salon des amis de Mireille », sur le Poste Parisien. La faconde de Jaboune, sa bonhomie et sa bonne humeur communicatives font vite de lui une vedette des ondes. Jusqu'en 1950, ses émissions connaîtront une grande vogue : « Une heure ensemble », « Que personne ne sorte », « Reine d'un jour » et « Quarante Millions de Français » en particulier. C'est cette dernière émission qui deviendra, à la télévision, le fameux « Trente-Six Chandelles ». Nullement dépaysé par ce média encore balbutiant, Jean Nohain inaugure la formule des variétés télévisées : dans un désordre apparent, les personnalités et les talents les plus divers improvisent en direct, sur la scène de l'Alhambra, sous le regard complice et chaleureux de Nohain, maître de cérémonie à l'affût de nouveaux talents : Fernand Raynaud lui doit sa notoriété.

Jean Nohain meurt à Paris en 1981.

L'influence de « Trente-Six Chandelles » s’est fait sentir encore des années après. Trenet, Brassens et bien d'autres artistes ont trouvé leur inspiration[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert de LAROCHE. NOHAIN JEAN (1900-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi