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DROT JEAN-MARIE (1929-2015)

Réalisateur et producteur de télévision, écrivain, JeanMarie Drot est né à Nancy le 2 mars 1929. Lauréat du concours général, il est admis, à Paris, au lycée Louis-le-Grand, puis à l’École normale supérieure. Bénéficiant d’une bourse à l’université de Columbia à New York, il passe un an aux États-Unis. En 1949, il rejoint Rome où il accompagne le père dominicain Jacques Laval, nommé directeur de la toute nouvelle télévision vaticane. Bien que complet néophyte, il signe alors ses premières réalisations.

Entré en 1951 à la Radio télévision française (R.T.F.) comme réalisateur de documentaires, il crée Correspondances, une série imaginant une correspondance entre un peintre et un écrivain-poète, par exemple Watteau et Verlaine ; suit Le Cabinet de l’amateur, série consacrée aux graveurs ; puis L’Art et les hommes (1955), série mariant la vie quotidienne et le monde de l’art. Considérant le voyage comme un moyen privilégié de découverte des hommes et de leur art, Jean-Marie Drot va réaliser en France et dans le monde une riche série de « journaux de voyage » (plus de 50 films, de 1956 à 1974) tissés de rencontres et dont la subjectivité fonde le ton particulier. Les Heures chaudes de Montparnasse, série composée de dix films (1962-1963), revisités au milieu des années 1980 pour y adjoindre la couleur, fonde sa notoriété. Cette fresque imposante raconte comment ce quartier de Paris est devenu, à la suite d’une émigration artistique sans précédent, le creuset de l’art du xxe siècle. Drot filme le vieux Montparnasse et ses ateliers condamnés par la rénovation urbaine, évoque les artistes disparus comme Modigliani, interroge les témoins, rencontre les derniers « Montparnos » : Man Ray, Calder, Giacometti, Duchamp, Foujita, Miró, Cocteau…

De 1976 à 1979, Jean-Marie Drot réalise les treize films de son Journal de voyage avec André Malraux à la recherche des arts du monde entier, composant ainsi un nouveau « musée imaginaire ». Explorant les rapports particuliers entre les arts et l’audiovisuel, poursuivant sa quête d’une télévision à la fois culturelle et populaire, mariant spectacle, émotion et pédagogie, il s’emploie à transmettre et partager la culture avec le plus grand public possible. Parce qu’elle permet de conserver la mémoire vivante des artistes, la télévision est pour lui « un instrument pour supprimer la mort ». Dans une impressionnante filmographie, on relève encore Jeux d’échecs avec Marcel Duchamp (1964) et Vive Joseph Delteil ou la Grande Journée (1975), consacré à l’écrivain retiré dans sa campagne occitane. L’art primitif (ou « primordial » ou « naïf ») l’a toujours impressionné, et il a notamment consacré de nombreux sujets aux innombrables peintres haïtiens, qu’il a ensuite fait découvrir en Haïti à un André Malraux comme lui « tourneboulé ».

Conseiller culturel à l’ambassade de France en Grèce de 1982 à 1984, Jean-Marie Drot a multiplié les manifestations et les rencontres. Directeur de l’académie de France à Rome, la Villa Médicis, de 1985 à 1994, il poursuit cette politique d’ouverture. Militant, il a été le premier secrétaire général de la Société française des réalisateurs de télévision. Dans le domaine de la propriété intellectuelle et de la promotion des œuvres documentaires, il entre en 1989 au conseil d’administration de la Société civile des auteurs multimédia qu’il a cofondée et qu’il préside de 1995 à, 1999. On lui doit un Dictionnaire vagabond (2003), qui relate les rencontres les plus importantes de sa vie, ainsi que plusieurs essais et romans. Ce grand passeur de culture s’éteint à Chatou le 23 septembre 2015.

— Christian BOSSENO

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Écrit par

  • : rédacteur en chef de la revue Télévision française, La Saison

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Pour citer cet article

Christian BOSSENO. DROT JEAN-MARIE (1929-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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