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ORMESSON JEAN D' (1925-2017)

Jean d’Ormesson - crédits : Alain Benainous/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean d’Ormesson

Né à Paris le 16 juin 1925, l’écrivain et journaliste Jean d'Ormesson est issu d'une lignée de conseillers d'État, de contrôleurs généraux des finances, d'ambassadeurs de France et de parlementaires. Sa mère, avec laquelle il a vécu dans le château de Saint-Fargeau, appartient à une famille catholique et monarchiste ; son père, ambassadeur, nommé par Léon Blum, le fait voyager en Bavière, en Roumanie, au Brésil... Normalien, agrégé de philosophie, il est rédacteur en chef de la revue Diogène, directeur général du Figarode 1974 à 1977, secrétaire général, puis président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'UNESCO. Le 18 octobre 1973, il est élu à l'Académie française. Il sera également directeur général du Figaro de 1974 à 1977.

Pour Jean d'Ormesson, la littérature occidentale est née de L'Iliade et de L'Odyssée où sont déjà présents les thèmes de la guerre, des voyages, de l'amour, de l'amitié, des passions (C'est une chose étrange à la fin que le monde, 2010). Dès La Gloire de l'Empire (1971), son premier grand succès, ces thèmes universels habitent toute une œuvre nourrie de culture antique et de l'histoire du xxe siècle, mais d'une manière légère et comme dégagée des débats du temps. Son premier roman, L'amour est un plaisir (1956), ne fait nulle allusion à la guerre d'Algérie, mais plutôt aux plaisirs d'une vie qui sait trouver le bonheur. Au lieu de se plier aux conventions du genre romanesque, à l'intrigue et à ses personnages, le roman, entre récit et essai, s'ouvre aux digressions, aux anecdotes et aux souvenirs personnels, et devient le matériau d'une méditation sur le temps qui passe. Pour le narrateur d'Au plaisir de Dieu (1974), les ombres du passé suffisent à évoquer les aventures des hommes, depuis les croisades jusqu'à nos jours. Dans le sillage de Chateaubriand, le modèle insurpassable, persiste une mélancolie instinctive pour les vieilles familles et le culte des traditions, tout un monde évanoui. Mais les lignées n'échappent ni à la décadence ni à la mutation de l'époque contemporaine. La forteresse de la tradition subit des brèches, sous la poussée des mœurs nouvelles.

Paradoxalement, la discipline de fer qu'impose cet univers étriqué apprend à ne rien faire, ni du monde ni de l'avenir : « Nous étions légers... charmants, souvent beaux, toujours élevés à la perfection ... avec un courage sans borne pour tout ce qui nous amusait. » Dans Voyez comme on danse (2001), Jean d'Ormesson reprend à son compte cette image de ses vingt ans, à l'occasion de vacances en Grèce en compagnie d'amis, pays qu'il connaissait déjà par les livres – Homère, Eschyle, Sophocle, Platon, Thucydide..., un paradis révolu. Mais d'Ormesson sait aussi quitter la culture antique pour revenir aux héros d'une autre époque, tel le général de Gaulle, rebelle, à l'aube du 17 juin 1940 quand il s'envole vers Londres, ignorant sa gloire prochaine. De même, dans La Conversation(2011), première pièce de l'académicien, Bonaparte s'entretient avec Cambacérès. Le héros napoléonien subjugue parce qu'il fait l'Histoire.

C’était bien (2003), C’est une chose étrange à la fin que le monde (2010), Un jour je m’en irai, sans en avoir tout dit (2013), Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016)… Autant d’œuvres dans lesquelles Jean d'Ormesson se retourne sur son passé et considère le monde avec une infinie curiosité : « Ce qui a été n'est plus ; et ce qui a été, ne fût-ce qu'une fois et pour un seul instant, a pourtant été pour toujours. Rien de ce qui est apparu dans le temps ne peut disparaître dans le néant. » Romain, l'ami disparu de Voyez comme on[...]

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Jean d’Ormesson - crédits : Alain Benainous/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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