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BAUDIN JEAN-BAPTISTE (1811-1851)

Fils d'un médecin, Jean-Baptiste Baudin fait ses études de médecine à Lyon, puis à Paris au Val-de-Grâce. En 1832, il est nommé chirurgien sous-aide major de l'hôpital militaire de Toulon ; il passe sa thèse à Paris en 1837, puis, en qualité de chirurgien militaire, il sert de 1837 à 1839 en Algérie où il connaît Eugène Cavaignac. Il quitte l'armée et se fixe à Paris où il devient le médecin des pauvres ; en contact avec le milieu ouvrier, il connaît aussi Michelet, Quinet, Michel de Bourges, Lamennais. Républicain de très bonne heure, touché par les idées saint-simoniennes et fouriéristes, franc-maçon, il se lance avec enthousiasme dans la politique active après la révolution de février 1848 et préside notamment le club de l'Avenir. Le 25 mai 1848, il est arrêté comme complice après la journée du 15 mai. Il refuse ensuite le ministère de l'Instruction publique offert par Cavaignac.

Élu représentant de l'Ain à la Législative, il siège à la Montagne, s'intéresse aux questions d'éducation, s'oppose à la droite et au prince-président Louis-Napoléon Bonaparte et se prononce pour l'action légale le 13 juin 1849 ; le 30 septembre 1850, il prend part à la conférence réunie à Mâcon par Alfonse Gent, mais il n'est pas impliqué dans le « complot de Lyon ».

Au 2-Décembre, il est l'un des rares parmi les représentants de la Chambre qui tentent une résistance armée ; le matin du 3, il essaie avec quelques collègues de soulever le faubourg Saint-Antoine : cent cinquante ouvriers environ ébauchent une barricade rapidement emportée par les forces de l'ordre ; c'est alors que Baudin est tué. Victor Schoelcher, dans son Histoire des crimes du 2-Décembre (1852), écrit : « Sa mort ne fut pas sans amertume. — Nous ne voulons pas nous sacrifier pour les vingt-cinq francs, lui avait dit un ouvrier ! [...] — Vous allez voir, réplique Baudin, comme on meurt pour vingt-cinq francs ! » Le mot ne figure pas dans la notice sur Baudin du Dictionnaire universel (1866) de Pierre Larousse, qui dit avoir été, sur la barricade, « à vingt pas » du représentant (mais il sera reproduit dans le premier supplément de 1878). Baudin l'a-t-il réellement prononcé ? Rien ne permet de le nier, et cette phrase symbolise la résistance parlementaire au coup d'État et l'hésitation ouvrière face à l'événement ; elle fait de Baudin le martyr exemplaire de l'idée républicaine. Une souscription ouverte pour lui ériger un monument donne l'occasion à Gambetta, défenseur des journalistes poursuivis, de prononcer une plaidoirie qui devait le rendre célèbre. Quant au culte de Baudin, il sera entretenu par les manuels d'histoire sous la IIIe République.

— Jean-Marie CONSTANT

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Jean-Marie CONSTANT. BAUDIN JEAN-BAPTISTE (1811-1851) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )