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IMITATION, musique

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En musique, on appelle imitation le procédé qui consiste à reproduire un motif mélodico-rythmique d'une voix à une autre voix ou entre plusieurs autres voix. La technique de l'imitation est un concept très simple, évident même a priori. Aussi concerne-t-elle de nombreux types de musiques (y compris ethniques ou populaires : le canon Frère Jacques le prouve), quel que soit leur degré de complexité et d'élaboration. Elle apparaît très tôt dans l'histoire de la musique : on cite souvent le xiiie siècle. L'ars nova (xive siècle) et les compositeurs franco-flamands (xve et xvie siècles) y ont excellé. À la Renaissance, on parle d'imitation continue pour désigner l'imitation rapprochée d'un fragment mélodico-rythmique à toutes les voix d'un fragment polyphonique. Jean-Sébastien Bach a réalisé des prouesses qui n'ont pas été surpassées. Au début du xxe siècle, l'école de Vienne (Schönberg, Berg, Webern) remettra ces techniques à l'honneur en les appliquant aux principes stricts du dodécaphonisme.

L'imitation fait partie intégrante de l'écriture contrapuntique. Le premier énoncé, qui sert de modèle, constitue l'antécédent ; sa reprise à une autre voix prend le nom de conséquent. Dans une fugue, l'antécédent est le sujet et le conséquent la réponse. Ces reprises sont forcément rapprochées, même si la distance est variable. Il peut aussi arriver qu'une imitation ait lieu avant que l'énoncé du motif soit terminé. Les intervalles de transposition sont très variables et ne peuvent s'envisager qu'au cas par cas. La reprise est dite exacte (ou réelle ou stricte ou régulière) lorsque le conséquent respecte les intervalles et le rythme de l'antécédent (le plus souvent à l'unisson ou à l'octave, ou, comme dans les fugues, à la quinte ou à la quarte) ; la reprise peut être irrégulière (ou libre), c'est-à-dire subir des transformations mélodiques et /ou rythmiques qui sont alors appelées mutations.

Dans une fugue, l'imitation est réelle quand la réponse se fait à la quinte du sujet et sans mutations. L'imitation est tonale quand une mutation apparaît, à la tête de la réponse le plus souvent (Fugue XVI, en sol mineur, BWV 861, du Livre I du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach). L'imitation plagale (quand la réponse est à la quarte du sujet) est rare (Fugue XVIII, en sol dièse mineur, BWV 863, ou Fugue XXI, en si bémol majeur, BWV 865, du Clavier bien tempéré, Livre I).

L'imitation renversable est une forme d'imitation en chiasme qui permet d'intervertir sans inconvénient la superposition des voix ; c'est le cas pour le sujet et le contre-sujet d'une fugue, ou pour les deux sujets d'une double fugue. La Fugue X, en mi mineur, BWV 855 (Clavier bien tempéré, Livre I), procède par imitations renversables (les mesures 3-4, 5-6, 7-8 et 9-10 sont les renversables des mesures 22-23, 24-25, 26-27 et 28-29).

Une strette est une imitation particulièrement resserrée de l'antécédent et du conséquent, le second empiétant sur le premier et engendrant donc des chevauchements. La strette peut aussi se limiter au début du sujet (incipit). La Fugue I, en ut majeur, BWV 846 (Clavier bien tempéré, Livre I), est une fugue strette par mouvements directs ou contraires.

L'imitation par mouvement droit (ou direct ou semblable ou rectus) respecte la direction des intervalles de l'antécédent. C'est la plus simple : elle est immédiate et instinctive. L'imitation par mouvement contraire (ou miroir ou inversus) rend descendants dans le conséquent les mouvements ascendants de l'antécédent, et ascendants dans le conséquent les mouvements descendants de l'antécédent. Le miroir est alors en position horizontale. Une contre-fugue est une fugue où la réponse est exposée[...]

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Écrit par

  • : professeur au Conservatoire de Bourg-la-Reine

Classification

Pour citer cet article

Sophie COMET. IMITATION, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 30/01/2012

Autres références

  • FUGUE

    • Écrit par et
    • 3 476 mots
    • 2 médias
    ...compliquer le jeu et à y introduire des conventions arbitraires supplémentaires. C'est le cas du canon. Ce dernier constitue la forme la plus stricte de l'imitation. Lorsqu'une phrase énoncée par une partie est reprise par une autre, mais sur un autre degré de l'échelle musicale, il y a imitation....