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GOKHALE GOPAL KRISHNA (1866-1915)

De tous les fondateurs et premiers dirigeants du mouvement national indien, Gokhale fut sans doute le plus influent et le plus lucide. Prônant la voie réformiste et constitutionnelle vers un État autonome séculier et égalitaire, son idéologie politique s'inscrit dans la ligne directe qui passe de Dadabhai Naoroji et Mahadev Govinda Ranade, ses maîtres à penser, à Gandhi, qui le considérait comme son maître (guru) spirituel. Pondéré, modeste et totalement intègre, Gokhale était entièrement acquis aux principes du libéralisme anglais. Il estimait que l'indépendance devait se mériter et que la présence anglaise serait non seulement bénéfique mais également nécessaire tant que le peuple indien ne serait pas prêt à gérer ses propres affaires. Il croyait que la réforme sociale, que l'État était censé promouvoir, était une condition de l'indépendance politique. Son credo politique de « libéralisme et modération » impliquait que la voie des réformes constitutionnelles progressives était seule apte à préparer le peuple à une participation intelligente aux affaires publiques. C'est à cette préparation qu'il consacra sa vie.

Né le 9 mai 1866 dans un petit village de la région de Ratnagiri au Mahārāshtra dans une famille de brāhmanes chitpavan assez pauvre, Gokhale parvient à terminer sa licence d'histoire et de sciences économiques en dépit de difficultés financières, mais il doit abandonner ses études de droit. Attiré par Ranade, il entre à la Société d'éducation du Dekkan et commence à enseigner au collège Fergusson à Poona en 1885. Son initiation aux affaires politiques se fait dans l'assemblée publique de Poona, comme adjoint et homme de confiance de Ranade. Il joue également un rôle très actif au sein de la Conférence pour la réforme sociale, où il mène une campagne inlassable contre les rigueurs du système des castes, pour l'émancipation des intouchables et l'amélioration de la condition féminine.

Son association avec le parti du Congrès commence en 1899, et il devient rapidement un dirigeant respecté et très écouté de l'aile libérale. Interlocuteur privilégié du gouvernement britannique, il essaie de se faire l'interprète des aspirations populaires et d'obtenir une plus large participation des Indiens aux services administratifs et aux affaires publiques. Il proteste contre les restrictions, d'une sévérité croissante, imposées à la presse et aux associations politiques. Croyant que la non-application des principes du libéralisme était due au fait que les dirigeants et le peuple britanniques étaient mal informés de la situation indienne, il consacrera une large part de son activité politique à la présentation du point de vue indien devant d'innombrables comités et commissions officiels.

Après la mort de Ranade en 1901, il quitte l'enseignement pour se consacrer entièrement à la cause nationaliste, et devient le chef incontesté des modérés. Avec une foi inébranlable, Gokhale essaie de poursuivre sa mission éducatrice et fonde en 1905 la Société des serviteurs de l'Inde (Servants of India Society), qui regroupe des hommes dévoués à l'idéal de l'émancipation politique et sociale.

Au moment où lord Curzon annonce la partition du Bengale en 1905, Gokhale est élu président du Congrès aux assises de Bénarès. Conscient des répercussions potentiellement désastreuses de ce projet très impopulaire, il dénonce la politique routinière de Curzon et les « prétentions arrogantes à une sagesse supérieure » de son régime bureaucratique. À Londres, où il avait été fait compagnon de l'ordre de l'Empire indien en 1904, il s'inquiète de l'impatience de la génération montante, attirée de plus en plus par la stratégie militante de son rival Tilak.

La scission du Congrès à Surat et la prolifération des[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, professeur au Centre d'études politiques de l'université Jawaharlal-Nehru, New Delhi, Inde

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Pour citer cet article

Balveer ARORA. GOKHALE GOPAL KRISHNA (1866-1915) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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