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LUDWIG DANIEL K. (1897-1992)

L'un des plus grands parmi les premiers armateurs dans le monde, Daniel Keith Ludwig fut un précurseur dans plusieurs évolutions marquantes du transport maritime de l'après-guerre. Cet armateur américain était en même temps touche-à-tout génial, discret, économe et richissime. Sa vie professionnelle peut se lire comme un best-seller. Ayant débuté avec un prêt de 5 000 dollars, il sera, au plus haut de sa carrière maritime, propriétaire d'une flotte de quelque soixante navires et, un temps, l'un des hommes les plus riches du monde. À l'âge de neuf ans, Daniel K. Ludwig lance son premier business en renflouant une épave. On le retrouve à quinze ans employé chez un avitailleur de Port Arthur, au Texas, pendant qu'il suit des cours du soir pour devenir mécanicien. En 1923, à vingt-six ans, il achète son premier navire. Sa flotte initiale sera essentiellement composée d'anciens cargos transformés en pétroliers de 14 000 tonnes.

Daniel K. Ludwig est parmi les premiers, sinon le premier, à financer l'achat de ses navires, avec la sécurité qu'apporte leur affrètement à long terme à des groupes pétroliers — une formule qui fera la fortune des Grecs et des Norvégiens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Daniel K. Ludwig fonde ses propres chantiers navals à Norfolk, en Virginie, sous le nom de Welding Shipyards Inc., et construit pour son compte toute une flotte de pétroliers (Bulkoil, Bulkfuel, Bulkcrude, etc.). Au début des années1950, pour bénéficier des faibles coûts de la main-d'œuvre au Japon, il loue l'ancien arsenal de Kure, qui deviendra son chantier personnel. Une partie des équipements des Welding Shipyards est transférée à Kure et l'armateur se lance dans la construction de plusieurs générations de pétroliers dont la taille augmente régulièrement. En 1959-1960, ce sont les deux premiers « 100 000 » tonnes du monde, Universe-Appolo et Universe-Daphne. Dix ans plus tard, ce sont six géants de 332 000 tonnes (Universe-Iran, U-Ireland, U-Japan, U-Korea, U-Kuwait, U-Portugal) qui transportent du pétrole brut pour la Gulf Oil à destination du terminal de Bantry Bay, au sud de l'Irlande, d'où il est acheminé vers diverses destinations européennes par des navires plus petits — un système de feeders qui trouvera plus tard une autre application, à grande échelle, dans le secteur des conteneurs. Daniel K. Ludwig exploitait encore des pétro-minéraliers, navires mixtes, dont il arma, à certains moments, les plus grands du monde, le Sinclair-Petrolore de 1955 (67 000 t) ou le Cedros de 1966 (146 000 t). Cedros est le nom d'une île, située au large de la Californie mexicaine, où Daniel K. Ludwig développa une importante industrie du sel, avec de considérables exportations vers le Japon ; ses pétro-vraquiers revenaient vers la côte pacifique des États-Unis avec du pétrole du Moyen-Orient. Ludwig a également mis au point, avec l'Universe-Conveyor (1968), le plus grand navire autodéchargeant du monde, autre manière de transporter économiquement son sel. Dans son patrimoine figuraient aussi des mines de charbon et de fer en Australie, des mines de charbon aux États-Unis, des puits de pétrole au Canada et, un moment, une mine de potasse en Éthiopie, sans parler des intérêts dans l'immobilier. L'armateur ne pensait pas qu'aux pétroliers. Imaginant différentes façons de remplir ses navires, il eut l'idée, dans les années cinquante, de transporter par mer des stations de désalinisation vers les pays du golfe Arabo-Persique. Il prévoyait aussi une pénurie mondiale de pâte à papier. Un de ses armements, Universe Tankships Inc., acheta pour 3 millions de dollars l'immense propriété de Jary qui jouxte l'Amazone, au Brésil. Son idée, mise en œuvre en 1967, consistait, après avoir défriché la forêt, à planter des arbres à croissance rapide et à les transformer sur place en[...]

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Écrit par

  • : directeur des affaires administratives et de la communication du Comité central des armateurs de France.

Classification

Pour citer cet article

Daniel BOURNAZAC. LUDWIG DANIEL K. (1897-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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