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BEATON CECIL (1904-1980)

Comme Lartigue, le Britannique Cecil Beaton, issu d'une riche famille, a découvert la photographie très tôt. En 1916 exactement : il avait douze ans. Avec une pointe de forfanterie, il prétendait même s'y être intéressé dès l'âge de trois ans. Ce qui est certain, c'est que toute son enfance fut marquée par le théâtre et les images victoriennes qu'il collectionnait avec passion. Et qu'à douze ans on lui offrit un appareil photographique. Ses premiers modèles seront ses sœurs Barbara et Nancy. Leur gouvernante Babi développe les photographies dans la baignoire et fait les tirages. Cecil, lui, déguise ses sœurs en costumes d'époque, les met en scène dans des décors de rêve réalisés à l'aide de morceaux d'étoffe trouvés dans le grenier de la maison paternelle et de toutes sortes d'accessoires, et règle les éclairages. La prééminence de la mise en scène sur la technique photographique proprement dite, qui sera à la fois l'originalité et la limite de Cecil Beaton, est donc peut-être héritée en partie de Adolphe De Meyer, comme on l'a dit, mais elle procède aussi d'un mouvement plus profond.

Son père l'envoie étudier à Harrow puis à Cambridge et le destine à entrer dans un Office de la City. La photographie est-elle oubliée pour autant ? Non. Cecil improvise un studio de portrait chez lui. Se perfectionne. Éblouit son entourage. Et, en 1930, expose ses photographies à la galerie Cooling à Bond Street. C'est là qu'il rencontre l'éditeur américain de Vogue, rencontre déterminante pour la suite de sa carrière.

Cecil Beaton en 1936 - crédits : Sasha/ Hulton Archive/ Getty Images

Cecil Beaton en 1936

Il part pour l'Amérique, pour Hollywood notamment, où son goût du théâtre se donne libre cours. Tout jeune, il observait à la loupe les photos de décors publiées dans les magazines spécialisés pour voir de quoi était fait cet artifice de la scène qui le séduisait tant. À Hollywood, domaine du rêve et de l'illusion, il est à son affaire. Il va se laisser aller à toute son extravagance, à son penchant pour l'ornementation et la surcharge décorative qui lui viennent de la photographie victorienne. La première impression que lui laisse un studio de cinéma avec les vastes plateaux « encombrés d'un attirail hétéroclite où la surprise est partout » est extrêmement forte. Elle va influer profondément sur son style.

Dans sa Photobiographie, Cecil Beaton analyse lui-même fort bien ce qui faisait le charme de ses premières photographies et ce qui le distinguait du plus grand photographe de mode de l'époque, Edward Steichen : « Alors que les photos de Steichen étaient toujours prises sans artifice, avec une honnêteté absolue sur un fond très simple, on avait plutôt, dans les miennes, l'impression de découvrir le modèle à demi caché dans les charmilles de fleurs argentées ou dans quelque royaume féerique. » Désormais, Cecil Beaton abandonne les berceaux de fleurs où il installe ses modèles et il va imaginer des décors baroques, somptueux et surchargés. Il utilise à merveille l'artifice hollywoodien. C'est sa grande époque, celle où son invention est le plus étonnante. Il est fêté, adulé.

Mais peu à peu ses excès finissent par lasser l'équipe dirigeante de Vogue. Et quelqu'un parle de son art « un peu blet ».

Parallèlement à la photographie de mode, Cecil Beaton dessine des costumes, réalise des décors de théâtre. Avec Gigi et My Fair Lady, il obtiendra même des oscars.

Cecil Beaton en 1971 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Cecil Beaton en 1971

<it>My Fair Lady</it>, de George Cukor - crédits : Warner Brothers, Inc./ Collection privée

My Fair Lady, de George Cukor

À la fin des années 1930, essentiellement en 1937, il avait fait plusieurs portraits de la famille royale. En 1947, il est anobli et devient le photographe officiel de la cour d'Angleterre. Photographe de mode pour Vogue et pour Harper's Bazaar, portraitiste de la bonne société anglaise et américaine, publié régulièrement par Life, Cecil Beaton a également écrit ou illustré quelque vingt-cinq livres. Le[...]

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Michel NURIDSANY. BEATON CECIL (1904-1980) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Cecil Beaton en 1936 - crédits : Sasha/ Hulton Archive/ Getty Images

Cecil Beaton en 1936

Cecil Beaton en 1971 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Cecil Beaton en 1971

<it>My Fair Lady</it>, de George Cukor - crédits : Warner Brothers, Inc./ Collection privée

My Fair Lady, de George Cukor

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