Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COURRIÈRES CATASTROPHE DE

Le 10 mars 1906, les fosses 2 (Billy-Montigny), 3 (Méricourt) et 4/11 (Sallaumines) de la Compagnie des mines de houille de Courrières (Pas-de-Calais) étaient le théâtre d'une des plus importantes catastrophes minières de l'histoire, seulement dépassée en 1942 par celle d'Honkeiko (Mandchourie). Le bilan humain était lourd : 1 099 victimes, sans compter les sauveteurs disparus, et 696 blessés.

La cause précise du sinistre ne fut pas déterminée par les différentes commissions chargées du dossier. La plus probable est un coup de grisou suivi d'un coup de poussières, l'inflammation brutale du nuage de poussières de charbon soulevées et de l'oxygène de l'air produisant une gigantesque déflagration suivie d'éboulements.

Ces fosses étaient pourtant réputées peu dangereuses. Mais la modernisation de la compagnie engagée depuis 1897 sous la conduite du directeur, Auguste Lavaurs, comportait de nouveaux dangers : une ventilation améliorée favorisait les dépôts de poussières de charbon ; des puits moins nombreux et plus profonds rendaient le fond difficilement accessible en cas d'accident ; la constitution d'un vaste espace de travail non compartimenté concentrait un grand nombre de mineurs. Ces choix, fondés sur le progrès technique et l'impératif de productivité, étaient révélateurs d'une époque et d'une société. Ils supposaient une large acceptation de l'insécurité ainsi qu'une carence de réflexion prospective sur les risques miniers de la part de l'entreprise et des services de l'État.

Relayé par la presse, un élan de compassion gagna la France et le monde. Des sapeurs-pompiers de Paris, des sauveteurs expérimentés venus d'Allemagne et des mineurs belges participèrent aux secours. Cette catastrophe et le puissant mouvement revendicatif qui suivit contribuèrent à l'émergence de l'image héroïque du mineur, du « soldat-mineur », de la « gueule noire ». Ils participèrent aussi à une meilleure gestion du risque industriel. Alors que les différentes actions judiciaires qui avaient été engagées se soldèrent par des non-lieux, les profonds changements rapidement apportés à la réglementation sonnèrent comme autant de condamnations de la situation antérieure.

— Denis VARASCHIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités, président de l'université Savoie-Mont-Blanc

Classification

Pour citer cet article

Denis VARASCHIN. COURRIÈRES CATASTROPHE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CATASTROPHES INDUSTRIELLES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Universalis
    • 2 485 mots

    1794 Explosion, le 1er septembre, de la poudrerie de Grenelle à Paris, faisant près de 1 000 morts. La prise de conscience des risques technologiques entraînée par cette catastrophe passe pour être à l'origine de la réglementation française marquée par le décret impérial de 1810 sur les établissements...

Voir aussi