Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PRIVAT BERNARD (1914-1985)

Neveu de Bernard Grasset, Bernard Privat, en lui succédant en 1955 à la tête des éditions Grasset, assurait la permanence d'une tradition familiale. Il se retira en 1980, mais pour choisir une solution dans la continuité : Jean-Claude Fasquelle, un homme de la maison, prenait la relève.

Bernard Privat, toutefois, n'avait rien d'un héritier, et l'édition n'était pas sa vocation première. S'il entreprit ce métier assez tard, à trente-cinq ans, avec son oncle comme « tuteur », il sut marquer profondément de son empreinte l'activité des éditions Grasset, et influer largement sur la vie littéraire française des années 1950-1980. Écrivain lui-même, il publia six livres, dont l'un, Au pied du mur, obtint le prix Femina en 1959.

Né en 1914 à Montpellier, Bernard Privat entreprend des études de droit à la faculté de Paris. Mais il se destine d'abord à la peinture et y consacrera deux années, en 1936 et 1937. Mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, fait prisonnier, il restera en captivité dans un oflag de 1940 à 1945. Il se marie en 1946. Il entre chez Grasset en 1949. C'est alors une maison qui connaît une situation difficile, sans ressources ni auteurs. Bernard Privat en devient le P.-D.G. en 1955, à la mort de Bernard Grasset. La même année, la société fusionne avec les éditions Fasquelle : c'est la deuxième étape d'une restructuration qui avait commencé en 1954, lorsque les éditions Hachette, jusque-là minoritaires dans le capital de Grasset, en avaient pris le contrôle, légalisant ainsi un appui financier rendu de plus en plus nécessaire. Dépendant désormais de la « grande famille » Hachette, mais libre de mener la politique éditoriale qu'il souhaite, Bernard Privat va pouvoir appliquer sa recette ; il va s'entourer, année après année, de collaborateurs efficaces : Georges Lambrichs, François Nourrissier, Jean-Claude Fasquelle, Matthieu Galey, Dominique Fernandez, Jacques Brenner, Maurice Chapelan. Dans les années 1960 viendront Yves Berger et Françoise Verny. Les collections qu'ils dirigent vont attirer beaucoup de nouveaux talents et les récompenses suivront : depuis vingt-cinq ans, Grasset est alors l'une des trois maisons d'édition, avec Gallimard et le Seuil à s'adjuger la plupart des grands prix littéraires. En 1966, cette réussite connaît son apogée. Cinq auteurs maison sont élus : Edmonde Charles-Roux pour Oublier Palerme (prix Goncourt), Kléber Haedens pour L'été finit sous les tilleuls (prix Interallié), Marie-Claire Blais pour Une saison dans la vie d'Emmanuelle (prix Médicis), François Nourrissier pour Une histoire française (grand prix du roman de l'Académie française) et Julien Green pour son Autobiographie (prix national des lettres).

Bernard Privat abandonne ses fonctions en 1980, tout en demeurant président d'honneur du conseil éditorial de Grasset. Il sera tiré de cette semi-retraite en 1982 par Jean-Claude Lattès, directeur de l'édition du groupe Hachette. Il devient conseiller auprès de la direction de l'édition et directeur du comité éditorial des éditions Lattès, il s'efforce alors de reprendre sa politique de découverte de jeunes écrivains.

— Alain ZECCHINI

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : journaliste scientifique, expert de l'Union mondiale pour la nature

Classification

Pour citer cet article

Alain ZECCHINI. PRIVAT BERNARD (1914-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )