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SERRANO ANDRES (1950- )

Le photographe américain Andres Serrano déclencha une vive controverse avec le cliché Immersion (Piss Christ) (1987), qui représente un crucifix baignant dans l’urine et le sang. Cette œuvre et plusieurs autres jugées de nature provocante conduisirent les autorités américaines à réexaminer la question du mécénat.

Andres Serrano naît le 15 août 1950, à New York. Il étudie l’art, en particulier la photographie, à la Brooklyn Museum Art School de 1967 à 1969. Sa première grande exposition de photographie a lieu en 1985. Sous forme de séries, il s’intéresse aux problèmes sociaux et aux questions liées au sexe et à la religion. Dans ses clichés grand format en couleur, il présente des compositions figuratives théâtrales et provocatrices. L’intensité de ces images évoque pour lui les représentations de la Passion du Christ qu’il a observées durant son enfance, au sein d’une famille d’origine hondurienne et afro-cubaine, de confession catholique. Son intérêt pour les fluides corporels ‒ sang, urine, lait, sperme ‒, tantôt présentés de façon isolée (Milk, Blood, 1986), tantôt mêlés à des croix ou à des reproductions de statues (Blood Cross, 1985), l’amènent progressivement à réaliser Immersion (Piss Christ). En 1988, au Southeastern Center for Contemporary Art de Winston-Salem (Caroline du Nord), il reçoit un prix du National Endowment for the Arts (N.E.A.) pour cette œuvre qui sera présentée dans plusieurs villes américaines. Au Virginia Museum of Fine Arts à Richmond, de nombreux visiteurs jugent le cliché blasphématoire, et s’opposent à ce que le N.E.A, doté de fonds publics, continue de soutenir une telle initiative. Le débat qui naît de cette polémique et d’autres œuvres d’art jugées tout aussi provocantes amène le Congrès américain à restreindre les bourses accordées à des plasticiens et à réduire de 40 p. 100 les subventions du N.E.A.

Par la suite, en mai 2011, alors qu’elle est présentée en Avignon dans le cadre de l’exposition Je crois aux miracles, Immersion (Piss Christ) fera l’objet d’actes de vandalisme, en même temps qu’un autre cliché, Sœur Jeanne Myriam.

Dans les années 1990, Andres Serrano utilise la technique traditionnelle du portrait pour photographier des membres du Ku Klux Klan (Klansmen, 1990) et des sans-abri new-yorkais (Nomads, 1990). La série The Morgue (1992) présente, dans des formats plus grands que nature, des photographies de cadavres, chacun étant considéré à partir d’un détail unique. Dans ses autres séries, Serrano se penche sur des thèmes comme l’Amérique moyenne, les catholiques, les armes et la sexualité. Dans la série Cuba (2012), il dresse un portrait des habitants de l’île.

— James W. YOOD

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à la School of the Art Institute of Chicago, critique d'art

Classification

Pour citer cet article

James W. YOOD. SERRANO ANDRES (1950- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CENSURE (art)

    • Écrit par Julie VERLAINE
    • 2 631 mots
    • 4 médias
    ...de scandale et de censure, comme l'illustrent les vandalismes et les interdictions d'accrochage public qui frappent la photographie Piss Christ d' Andres Serrano exposée en 1997 à Melbourne, représentant un crucifix baignant dans l'urine et le sang, ou deux ans plus tard à Brooklyn la Holy...
  • LES CHOSES. UNE HISTOIRE DE LA NATURE MORTE (exposition)

    • Écrit par Robert FOHR
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    ...la section « La bête humaine », en particulier Chat mort de Géricault (vers 1820, musée du Louvre, Paris), confronté notamment à Cabeza de vaca d’Andres Serrano (1984, collection Antoine de Galbert, Paris), qu’aux merveilleux morceaux de peinture réunis dans « La vie simple » (Édouard Manet, ...

Voir aussi