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MASSÉNA ANDRÉ (1758-1817)

Fils d'un vigneron de Nice, successivement mousse, soldat et contrebandier, Masséna s'engage comme volontaire en 1791, bien qu'il soit, de par sa naissance niçoise, encore sujet du roi de Sardaigne ; c'est à l'armée d'Italie qu'il prend tous ses grades à partir de 1792 ; en 1796-1797, il s'impose comme le meilleur et le plus habile des lieutenants de Bonaparte, qui l'appelle « l'enfant chéri de la victoire » sur le champ de bataille de Rivoli. Dès 1798, il doit faire face à de grandes animosités parmi ses camarades et ses subordonnés ; il est vrai que Masséna, aimant le luxe et les plaisirs, a et gardera des façons peu régulières de trouver partout le plus d'argent possible ; mais il est aussi un jacobin très prononcé et, à mieux y regarder, les vraies raisons politiques de ses disgrâces sont et seront souvent dissimulées sous les accusations commodes de prévarication. Il reste pratiquement sans emploi pendant un an ; ses « talents militaires devant lesquels il faut se prosterner » (comme disait Napoléon, qui n'était pas coutumier d'un éloge si considérable) et le péril de la deuxième coalition le font appeler au commandement de l'armée d'Helvétie ; son admirable campagne et sa victoire de Zurich (septembre 1799) sauvent la République. Le Premier consul le charge alors de sauver les débris de l'armée d'Italie ; Masséna soutient dans Gênes un siège héroïque, en sort avec les honneurs de la guerre et le droit de se retirer sur le Var avec ses troupes, ayant tenu assez longtemps pour permettre l'offensive de Marengo. En 1805, de nouveau à la tête de l'armée d'Italie, il bat l'archiduc Charles à Caldiero et le repousse au-delà des Alpes ; en 1806, il conquiert le royaume de Naples et le remet à Joseph Bonaparte. Napoléon l'estime, l'admire, mais ne se sent pas à l'aise avec lui ; ce n'est pas seulement que Masséna garde un côté frondeur de jacobin mal blanchi, c'est aussi que, des trois meilleurs lieutenants de l'Empereur (avec Lannes et Davout), Masséna est le seul qui ne doive ses talents qu'à lui seul et que le maître ne puisse se vanter d'avoir formé. En 1809 pourtant, Napoléon l'appelle auprès de lui pour la première fois depuis Leoben, et Masséna de s'illustrer à Eckmühl, à Essling et à Wagram.

En 1810, Napoléon partage les tâches entre les deux meilleurs (Lannes disparu) : à Davout l'outre-Rhin, à Masséna l'outre-Pyrénées. Masséna entreprend la reconquête du Portugal ; arrêté par Wellington sur les lignes de Torres-Vedras, il ne peut obtenir de ses collègues les renforts qui lui permettraient d'emporter la position ; il se replie, reprend l'offensive, mais ne peut exploiter ses premiers succès, les autres maréchaux, notamment Soult et Ney, refusant de coopérer avec lui — et c'est lui que Napoléon disgracie (pour le remplacer malencontreusement par Marmont !).

Dès lors la carrière militaire de Masséna est finie ; d'ailleurs, sa santé décline et peut-être, à force d'aimer bien vivre, est-il atteint d'une vieillesse un peu prématurée. Rien de vraiment important ne marquera plus la fin de sa vie, sinon la très prudente maladresse avec laquelle, commandant la région de Toulon en mars 1815, il s'emploiera à ne jamais chercher Napoléon là où il se trouve, sous prétexte de mieux lui barrer la route.

— Jean MASSIN

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Jean MASSIN. MASSÉNA ANDRÉ (1758-1817) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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