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JOST ALFRED (1916-1991)

Né en 1916 à Strasbourg, Alfred Jost accomplit de brillantes études dans des lycées de Strasbourg et de Paris.Il fut reçu à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm,où après avoir passé avec succès l'agrégation des sciences naturelles, il s'initie aux questions scientifiques avec le professeur Robert Lévy, dont l'enseignement était incomparable et dont se souviennent tous les élèves qui ont eu l'avantage de l'entendre à l'École normale. Alfred Jost eut bientôt la chance d'entrer dans le laboratoire de Robert Courrier, professeur au Collège de France, qui se rendit vite compte des dispositions exceptionnelles de ce jeune chercheur et qui l'orienta vers les recherches où il excella : la physiologie et l'endocrinologie de l'embryon.

À une époque où la plupart des embryologistes s'étaient cantonnés dans l'étude des Amphibiens, et quelques-uns dans celle des Oiseaux, il avait inauguré la difficile expérimentation sur les Mammifères, chez qui l'embryon est toujours logé dans l'utérus maternel, et enveloppé dans des membranes-complexes. C'est donc par une laparatomie que doit commencer l'intervention. Jost mit au point une technique très délicate, qui faisait valoir son habileté technique, en même temps que ses qualités intellectuelles et novatrices. Qu'on en juge par deux interventions de talent. Il réussit le premier la castration d'un fœtus de lapin vers la fin de la gestation, sans nuire à la vitalité de l'embryon. Après quoi, il replaça celui-ci dans l'utérus, afin qu'il y continue son développement.

Il fallait surtout éviter de rien léser des-connexions circulatoires entre la mère et l'embryon — opération délicate, s'il en fut. Cette intervention à elle seule révèle quelques-unes des qualités scientifiques de Jost : en première ligne l'audace et, sur le même plan, l'habileté, la précision, la minutie. Il fallait, pour entreprendre ces opérations, avoir beaucoup de confiance en soi, beaucoup d'assurance physique.

Jost avait ces qualités, qu'il inculquait aussi à ses collaborateurs, dont il exigeait beaucoup. C'est à ce prix que lui-même et son école obtinrent tant de résultats importants grâce auxquels il acquit un renom international et s’éleva en France très heut dans la hiérarchie universitaire et académique. Il remplaça son maître Robert Courrier comme secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, fonction qu'il remplit avec la même conscience et la même compétence jusqu’à sa mort.

Il s’est attaqué en premier lieu à la question de la différenciation sexuelle. On sait que tout embryon commence son développement par une période d'indifférence sexuelle. Il possède les deux assortiments d'organes (glandes et conduits génitaux) qui permettent l'édification d'un organisme mâle comme d'un organisme femelle. Comment se réalise l'orientation vers l'un ou l'autre sexe ? Par des expériences de castration, de greffes et d'injections, Jost démontre que, en l'absence d'hormones sexuelles, c'est l'organisation femelle qui domine. L'hormone mâle est en effet nécessaire pour que s'organise l'appareil génital mâle. Toutefois, une seconde hormone est indispensable, l'hormone müllérienne, pour que les conduits femelles (oviductes) disparaissent.

Un autre groupe de recherches fructueuses et novatrices a trait à l'endocrinologie fœtale, c'est-à-dire à la formation des glandes endocrines et au rôle des hormones chez l'embryon. Ici encore, Jost, avec ses collaborateurs, développa une œuvre remarquable. Il constate que la croissance du fœtus est indépendante de l'hormone de croissance sécrétée par l'hypophyse de la mère et par sa propre hypophyse. Il a la même[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie française, de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine, professeur honoraire au Collège de France

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Pour citer cet article

Etienne WOLFF. JOST ALFRED (1916-1991) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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