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AGRAS EVANGELOS IOANNOU CALAMBACA dit TALLOS (1899-1944)

Né en Thessalie, mort à Athènes, Tallos Agras appartient à la génération des poètes « crépusculaires » des années 1915-1925 comme Filyras, Ouranis, Lapathiotis entre autres, qui ont cultivé un certain lyrisme, alors que leur époque fut dominée par les grandes figures de Palamas et de Sikelianos. Intériorisation sans profondeur, ton bas, pâle impressionnisme de la nature, versification habile, tels sont les traits constants de sa poésie dont le spleen et la mélancolie s'expliquent plutôt par le contexte littéraire que par une conception enracinée du monde. Les Bucoliques et les Éloges (1934), Quotidiennes (1940) sont les recueils qu'il a publiés de son vivant, auxquels il faut ajouter Œillets d'une seule journée (1965), œuvre posthume. Dans le premier, il incorpore admirablement des traductions de Théocrite, de Catulle et se réfère à J. Moréas, dont il fut l'un des traducteurs, et à J. Laforgue. L'esprit de cette poésie sombre souvent dans la platitude, malgré la solidité apparente du vers ; le rythme ne s'y renouvelle pas ; il évoque une situation littéraire assimilée résolument au passé. Au contraire, ses critiques dispersées dans des revues et rassemblées aujourd'hui contiennent des observations pertinentes et donnent la mesure de sa culture artistique. Les écrits sur Cavafy, Palamas, Gryparis, Caryotakis surtout, relévent les particularités de chaque auteur dans une discipline interprétative. Au demeurant, leur structure reste simple : le jugement appréciatif ou l'éclaircissement succèdent aux vers et aux strophes choisis. À la différence de la grande masse critique de cette époque, les remarques concernent autant le général que le particulier, la morphologie que l'univers poétique. Sa connaissance de la langue et de la littérature françaises et sa familiarité avec la « mystérieuse prosodie française » lui avaient permis l'analyse — textuelle avant la lettre — de la « fileuse » de Valéry. Ce petit texte exemplaire couronne sa carrière critique en conjuguant la perspicacité avec la naïveté : le sens du poème étudié s'y dévoile sans préjugé ou principe préalablement établi. Un bon poète peut cacher un médiocre critique, mais un versificateur ne saurait éclipser un bon critique. Tel fut le destin littéraire de Tallos Agras.

— Nicolas LEVENTIS

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Nicolas LEVENTIS. AGRAS EVANGELOS IOANNOU CALAMBACA dit TALLOS (1899-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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