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Peste noire

Absente depuis plusieurs siècles du continent européen, la peste resurgit au milieu du XIVe siècle à partir d'un foyer situé en Asie centrale, alors dominée par les Mongols. Au cours du siège de Caffa, un comptoir génois de la mer Noire, les Mongols transmettent la maladie aux galères italiennes. Après leur départ, en 1347, celles-ci contaminent les lieux où elles relâchent, Constantinople d'abord, Messine en septembre, Marseille en novembre. De ces escales, la maladie s'étend ensuite à toutes les zones avec lesquelles ces ports entretiennent des relations commerciales. Dès 1348, l'ensemble des pays du pourtour méditerranéen sont atteints par l'épidémie, qui pénètre ensuite dans les régions continentales.
Les populations infectées meurent massivement, d'autant que la peste, contrairement à d'autres maladies, frappe sans distinction d'âge ou de statut social. Dans les villages, parfois définitivement abandonnés, et dans les villes, sa présence suscite la panique et l'effroi, mais aussi des tensions économiques, des désordres sociaux, et une grave crise morale comme en témoigne l'écrivain Boccace , témoin de la peste de Florence. Les marginaux, et surtout les juifs, aussitôt accusés de propager le mal, sont régulièrement persécutés, malgré la protection pontificale . Dans cette atmosphère d'apocalypse , des mouvements radicaux de pénitence se développent, à l'image des colonnes de flagellants qui sillonnent l'ouest de l'Europe.
Quand, en 1352, l'épidémie de peste touche Novgorod et la Russie, l'Europe presque entière a subi le passage du fléau ; seules quelques zones semblent épargnées. La maladie s'installe de manière endémique pour trois siècles en opérant très vite de meurtriers et réguliers retours. En quelques décennies, la population européenne passe d'environ 80 millions de personnes à 60 millions.
Auteur : Vincent Gourdon