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6-30 avril 1994

Rwanda. Mort du président Juvénal Habyarimana et reprise de la guerre civile

Le 6, le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira sont tués dans un accident d'avion près de Kigali. Certains témoignages font état de tirs de roquettes contre l'avion qui ramenait les deux présidents de Dar es-Salaam, en Tanzanie, où ils avaient participé à un sommet consacré aux conflits ethniques qui déchirent leurs pays. L'ethnie hutu, largement majoritaire au Rwanda comme au Burundi, est au pouvoir à Kigali depuis l'indépendance en juillet 1962, et à Bujumbura depuis les élections de juin 1993. Dans les deux pays, elle doit faire face à une forte opposition de l'ethnie tutsi. Au Burundi, où l'armée reste dominée par les Tutsi, un coup d'État contre le nouveau pouvoir a échoué en octobre 1993, et la situation reste tendue. Au Rwanda, les accords d'Arusha signés en août 1993 ont mis fin à l'offensive du Front patriotique rwandais (F.P.R., tutsi) lancée en octobre 1990. Ils prévoyaient une période transitoire de deux ans pendant laquelle les Tutsi devaient être associés au pouvoir et les combattants du F.P.R. intégrés dans les Forces armées rwandaises (F.A.R.).

Le 7, alors que la situation reste calme à Bujumbura, les miliciens de la garde présidentielle rwandaise, qui tiennent les soldats du F.P.R. cantonnés dans la capitale pour responsables de la mort du président Habyarimana, se livrent à des représailles contre les Tutsi et les opposants. Hutu du Sud et opposante au président Habyarimana, originaire du Nord, le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana est assassinée. Dix casques bleus belges de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar), qui tentaient de couvrir sa fuite, subissent le même sort ainsi que 19 prêtres et religieuses rwandais. Kigali est le théâtre de scènes de massacre.

Le 9, le gouvernement et le président intérimaires nommés dans la nuit, qui sont majoritairement hostiles au partage du pouvoir avec les Tutsi, sont rejetés par le F.P.R., dont les forces contrôlent le nord du pays. Celles-ci sont estimées à 20 000 hommes, qui seraient mieux entraînés que les 30 000 soldats des F.A.R. Le même jour, près de 200 parachutistes français arrivent à Kigali en vue d'évacuer les quelque 600 ressortissants français vivant dans le pays. Le rapatriement dure jusqu'au 11. Des parachutistes belges évacuent leurs 1 500 compatriotes à partir du 10.

Le 12, les troupes nordistes du F.P.R. font leur jonction avec celles qui sont stationnées dans la capitale. De violents combats à l'arme lourde les opposent aux F.A.R. Les tentatives de la Minuar pour négocier une trêve restent vaines. Les massacres s'étendent progressivement à l'ensemble du pays, causant la mort de dizaines de milliers de personnes. L'avancée des forces du F.P.R. provoque l'exode de centaines de milliers d'autres, principalement vers la Tanzanie.

Le 21, l'O.N.U. décide de limiter l'action de la Minuar à ses aspects humanitaires et de retirer la plus grande partie de son personnel, limitant ses effectifs à 270 personnes.

Le 29, le secrétaire général de l'O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, qui estime à 200 000 morts le nombre des victimes au Rwanda, propose au Conseil de sécurité d'engager une action militaire afin de rétablir l'ordre dans le pays.

Le 30, le Conseil de sécurité adopte une déclaration qui condamne les massacres de civils au Rwanda, accuse les forces gouvernementales d'en être responsables et leur demande de prendre des mesures afin que cessent les attaques contre les civils.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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