Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

POMEAU RENÉ (1917-2000)

Né en 1917, René Pomeau, universitaire de renom, professeur à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques fut un très grand spécialiste de l'œuvre de Voltaire, et un dix-huitièmiste de valeur.

De Voltaire, on lui doit de très nombreuses éditions, dont on retiendra, outre les contes (Le Taureau blanc, dont il donna une édition critique) les deux volumes de L'Essai sur les mœurs (1963) et les Œuvres historiques (1967). La Religion de Voltaire (1954), sa thèse de doctorat, marque une date dans l'interprétation de la pensée et de la philosophie de l'écrivain qu'elle soustrait au radicalisme libre-penseur et à la condamnation souvent haineuse de la tradition catholique.

Cette étude de la pensée religieuse de Voltaire constitue à la fois une histoire de sa formation, des influences subies, de sa critique des religions révélées et du rôle politique des Églises. Elle analyse la définition et la pratique voltairiennes d'un déisme tolérant et raisonnable – rappelant en cela la violente opposition de Voltaire à l'athéisme d'un d'Holbach – et illustre la modernité d'une pensée déjà laïque, sans dissimuler ce qui en celle-ci appartient au passé et relève d'un personnalité singulière. Cette position, René Pomeau l'a défendue dans ses nombreux articles et préfaces, et surtout dans Voltaire en son temps. Il s'agissait à l'origine d'un vaste travail d'actualisation et de mises au point érudites de l'ouvrage vieilli de Gustave Desnoireterres, Voltaire et la société française au XVIIIe siècle (1867-1876), auquel se consacra une équipe de chercheurs que René Pomeau anima dès 1980, tout en prenant une part effective à la tâche. Il en résulte une somme biographique exemplaire, image d'une vie inscrite dans un temps de luttes et de réflexion, objet de légendes et de dénonciations, européenne déjà, qui paraît en cinq volumes à La Voltaire Foundation à partir de 1985. Là encore, René Pomeau fait des combats et des attaques dont Voltaire eut à souffrir non l'occasion de prises de position sur le monde contemporain, ni le prétexte à une hagiographie exaltée, mais de véritables objets d'étude et d'analyse, la base d'une réflexion sur l'intellectuel des Lumières, le sens d'une vie d'homme et d'écrivain.

Mais on ne peut réduire à ce seul domaine voltairiste l'apport de René Pomeau aux études dix-huitièmistes. En 1975, il publiea un Laclos, écrivain auquel il a consacré de nombreuses études ; en 1987, il donna un Beaumarchais, ou la Bizarre Destinée. Dans la tradition de Paul Hazard, il publie également en 1966 L'Europe des Lumières : cosmopolitisme et unité européenne, sorte de géographie littéraire, intellectuelle et philosophique de l'Europe du xviiie siècle, mettant en évidence sa diversité, ses échanges, ce qui la construit et l'unifie au-delà des différences.

— Jean Marie GOULEMOT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Tours, Institut universitaire de France

Classification

Pour citer cet article

Jean Marie GOULEMOT. POMEAU RENÉ (1917-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )