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RANCÉ ARMAND JEAN LE BOUTHILLIER DE (1626-1700)

Ecclésiastique français, réformateur de son abbaye cistercienne de la Trappe. Né à Paris, d'une grande famille, Rancé reçoit une excellente éducation d'humaniste ; neveu de l'archevêque de Tours, il est ordonné prêtre en 1651, sans pour autant renoncer aux plaisirs de sa condition. Sa seconde conversion, en 1657, à la suite de la mort de son amie, la duchesse de Montbazon, le conduit à faire une retraite à Tours sous la direction de l'oratorien Séguenot ; la mort de son protecteur Gaston d'Orléans, en 1660, contribue encore à le détacher du monde et l'amène à envisager une vocation monastique. Il entre en 1662 au noviciat de Perseigne, reçoit l'habit cistercien et se retire, en 1664, au monastère de la Trappe (à Soligny, en Normandie), dont il était l'abbé commendataire depuis de longues années.

Il obtient de Rome le droit de réformer son abbaye selon la règle de la stricte observance et impose à ses moines une vie rigoureuse, de silence et d'austérité. Rancé acquiert une grande réputation comme directeur et entretient une correspondance active avec la plupart des grands personnages du temps : Bossuet vient au moins huit fois à la Trappe. Il intervient aussi dans les querelles théologiques (contre les jansénistes, contre les quiétistes) ; il doit aussi entretenir une longue controverse sur la vie monastique et spécialement sur la place que celle-ci peut faire aux études avec les Chartreux (dom Le Masson) et les Bénédictins (Mabillon) : l'idéal de vie de Rancé est fait d'archaïsme, d'un souci intense d'ascèse et de méfiance contre les choses de l'esprit. Cette volonté antimystique et anti-intellectuelle, soutenue par Bossuet, jointe au peu d'aménité de certains des écrits polémiques de l'abbé, ont fait du tort à celui-ci et à sa réforme.

— Jean-Robert ARMOGATHE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses

Classification

Pour citer cet article

Jean-Robert ARMOGATHE. RANCÉ ARMAND JEAN LE BOUTHILLIER DE (1626-1700) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CISTERCIENS

    • Écrit par Marie-Madeleine DAVY, Placide DESEILLE, Anselme DIMIER
    • 8 650 mots
    • 5 médias
    ...agité, la stricte observance compta de saints abbés qui surent se tenir à l'écart des discussions, tel dom Eustache de Beaufort, réformateur de Sept-Fons, et des moines d'une ferveur remarquable. Aucun nom cependant n'émerge vraiment, sauf celui de l'abbé deRancé, réformateur de l'abbaye de la Trappe.
  • LE ROY GUILLAUME (1610-1684)

    • Écrit par Armand DANET
    • 339 mots

    Ecclésiastique moins connu pour ses titres de chanoine de Notre-Dame de Paris ou d'abbé commendataire de Saint-Nicolas de Verdun et de l'abbaye de Haute-Fontaine au diocèse de Châlons que par la renommée que lui valut une haute compétence théologique (il connaît bien l'Écriture, les Pères, surtout...

  • TRAPPISTES

    • Écrit par Jacques DUBOIS
    • 902 mots

    Nom donné, jusqu'à la fin du xixe siècle, aux cisterciens réformés par l'abbé de Rancé, au xviie siècle, et installés en France, dans plusieurs abbayes, à la suite de la Révolution, par dom de Lestrange. En 1140, des moines de l'abbaye du Breuil-Benoît de la congrégation...