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MEILLAND LOUISETTE (1920-1987)

Peu de noms sont aussi célèbres dans le monde des roses, mais la notoriété de Louisette Meilland dépasse le cercle fermé des professionnels. Elle était devenue l'éminente représentante d'une profession dont l'importance, dans les échanges économiques entre les pays, est considérable, beaucoup plus qu'on ne le croit. Une rose sur trois vendues dans le monde est une rose Meilland. Considérée par ses pairs comme l'une des premières d'entre eux, Louisette Meilland possédait la modestie et la simplicité de ceux qui sont parvenus au plus haut niveau de leur art et de leur métier. Ses obsèques ont été célébrées en mars 1987 dans cette chapelle Saint-Benoît du cap d'Antibes où elle avait été baptisée.

Ses grands-parents Paolino avaient émigré de Calabre. Ils avaient sept enfants ; l'un d'eux, Giacomo Francesco, suit sa vocation et, grâce à un prêt, loue un terrain sur le cap, qu'il défriche pour y cultiver des fleurs ; il se spécialise bientôt dans la culture des roses de serre. Il est doué des quatre qualités d'un bon hybrideur : le sens de l'observation, l'habileté manuelle, l'esprit de synthèse, l'imagination créatrice. Il les transmet à sa fille unique, Louisette, née de son mariage, en 1911, avec Marie Élisabeth Greco, de Grasse. Très jeune, Louisette s'initie à la fécondation des fleurs.

À douze ans, elle rencontre le fils d'Antoine Meilland, pépiniériste-rosiériste lyonnais venu en visite. Elle l'épouse le 14 janvier 1939. Le jeune ménage rejoint Tassin, près de Lyon, et Louisette dirige la maison, assume la charge administrative de la pépinière. Elle est aussi la précieuse collaboratrice de son mari pour la création de nouvelles variétés, processus qui demande une dizaine d'années d'efforts, de sélections et de décisions.

En 1948, Francis Meilland parvient à ce qu'un végétal nouvellement créé fasse l'objet d'un brevet. Depuis la rose « Rouge Meilland », tout créateur d'une nouvelle variété peut percevoir des droits d'auteur sur chaque rosier cultivé et vendu. Les droits percus sur la rose « Mme A. Meilland » auprès de Robert Pyle, aux États-Unis, qui en reçut les greffons pendant l'occupation allemande, favorisérent, dès 1945, l'expansion d'une firme déjà en plein essor avant la guerre. En 1948, cédant la moitié des parts de leur affaire au pépiniériste-rosiériste Francisque Richardier, les Meilland s'installent au cap d'Antibes et y créent leur établissement de recherche et de commercialisation de nouvelles variétés. Pendant les dix années qui suivent, l'établissement prend de gigantesques proportions. Lorsque, à quarante-quatre ans, son mari meurt d'un cancer, Louisette, aidée de son jeune fils Alain, reprend sa tâche. Sa fille Michèle, continuant la tradition familiale, épouse le fils du pépiniériste lyonnais Raymond Richardier.

Avant de procéder à des « mariages raisonnés » entre deux espèces, que de notes, que de réflexions sur les caractères dominants et les caractères récessifs, manifestés ou en puissance dans les deux géniteurs ! Son patrimoine de connaissances autorise ainsi Louisette Meilland à des croisements « coups de cœur » – l'inspiration d'un instant. Tous aboutissent à d'éclatantes réussites, des roses rouges connues de tous les amateurs de jardins : « Papa Meilland », dont le puissant parfum constitue une référence, « Président L. Senghor », « Baronne E. de Rothschild » ou encore cette rose si élégante, dont la venue coïncide avec la disparition de la princesse Grace, « Princesse de Monaco », d'un rose nacré. On lui doit « Sonia », du nom de sa petite-fille, d'un rose chaud au parfum fruité, qui remplace « Baccara » chez les fleuristes, « Cocktail », sa dernière création, magnifique rose jaune à l'extraordinaire parfum. Toutes les formes de l'arbuste[...]

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Jacqueline HUMERY. MEILLAND LOUISETTE (1920-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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