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ÈRE NOUVELLE L'

En fondant L'Ère nouvelle, les abbés Lacordaire, Maret et de Coux, ainsi que Frédéric Ozanam, le fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, reprenaient dans une certaine mesure l'entreprise tentée en 1830 avec L'Avenir pour concilier Dieu et la liberté ; mais Lamennais n'était plus avec eux : ayant rompu avec l'Église, il avait son propre journal, Le Peuple constituant. La tentative eut au départ un succès remarquable, car elle correspondait, dans l'illusion des premiers mois de la IIe République, à un espoir très répandu, y compris dans le clergé ; le temps semblait enfin venu de réconcilier la vieille religion et la jeune démocratie, l'Église et le peuple : en juin 1848, L'Ère nouvelle tirait à 20 000 exemplaires. Mais très vite le retour à l'ordre compromit l'action de ces catholiques sociaux et les coupa de la majorité des fidèles et du clergé. L'Univers de Veuillot attaquait L'Ère nouvelle, et, dans L'Ami de la religion, Montalembert refusait de suivre ses anciens amis. Le journal perdit ses lecteurs : il ne tirait plus, en février 1849, qu'à 3 200 exemplaires. L'espoir qu'Ozanam avait eu de voir Pie IX soutenir, depuis Rome, le grand mouvement de justice politique et sociale, dont lui et ses amis avaient si fortement compris l'importance au printemps et dans l'été 1848, avait été trop nettement déçu pour que puisse subsister l'espérance d'un changement d'attitude de l'Église et des notables ; la cause était perdue et le journal était en pleine décadence ; il fut racheté par un légitimiste, La Rochejaquelein, qui le saborda le 1er juin 1849. Il ne restait plus de lui que le souvenir de la première expression claire et généreuse du catholicisme social français.

— Pierre ALBERT

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université Panthéon-Assas

Classification

Pour citer cet article

Pierre ALBERT. ÈRE NOUVELLE L' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OZANAM FRÉDÉRIC (1813-1853)

    • Écrit par François BURDEAU
    • 439 mots

    Né à Milan, Frédéric Ozanam fit ses études secondaires à Lyon, puis, après un stage chez un avocat, fut envoyé par son père à Paris, où il fut l'hôte d'Ampère et où il étudia le droit. Il y rencontra aussi Chateaubriand mais surtout Lamennais, Montalembert, Lacordaire. Il fut ainsi un des artisans...