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KANDINSKY (exposition)

Depuis la mort de l'artiste en 1944, l'œuvre de Wassily Kandinsky n'a cessé d'être exposée dans le monde entier. La dernière grande rétrospective parisienne avait accompagné, en 1984, la donation de sa succession au Musée national d'art moderne. Du 8 avril au 10 août 2009, le Centre Georges-Pompidou a présenté de nouveau un large panorama, qui ne fut possible que grâce à la collaboration des trois grandes collections publiques existantes : outre le musée parisien, la Galerie im Lenbachhaus de Munich et le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, co-organisateurs de l'exposition. Les compléments sont venus de Russie et de quelques autres musées et collections privées.

Avec une centaine de tableaux (sur un peu plus de 700 selon le propre catalogue du peintre), l'exposition proposait une vue assez complète et représentative, à un très haut niveau de qualité, clairement distribuée en cinq sections chronologiques correspondant aux grandes périodes de la carrière de l'artiste : Formation et voyages à travers l'Europe, 1896-1907 ; Munich-Murnau, 1908-1914 ; Moscou-Stockholm-Moscou, 1915-1921 ; Le Bauhaus : Weimar, Dessau, Berlin, 1922-1933 ; Paris et Neuilly-sur-Seine, 1934-1944. Dans la première partie, les petits paysages postimpressionnistes étaient représentés, mais remis à leur juste place au profit d'œuvres aussi essentielles que la Vie mélangée (1907) de la Galerie im Lenbachhaus de Munich, qui concentre une riche thématique, déterminante pour le développement ultérieur de l'artiste. La deuxième section présentait en quantité plus importante les œuvres qui, de 1908 à 1914, ponctuent la progression régulière et cohérente de l'artiste vers une forme d'« abstraction » très spécifique, avec des compléments aussi essentiels que le Tableau avec archer (1909) du MoMA de New York. On regrettera toutefois l'absence des monumentales Composition VI (musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg) et VII de 1913 (galerie Tretiakov, Moscou). La première avait été exposée à Paris en 1979, la seconde à Munich en 1995. Leurs dimensions exceptionnelles (3 m de longueur) marquent un apogée, et aucun autre tableau ne peut produire un effet comparable. Sachant que Kandinsky considérait ses dix Compositions comme ses œuvres principales, ne montrer que quatre des sept qui sont conservées (manquait aussi la Composition V, 1911, musée de l'Ermitage) faussait donc partiellement la perspective. De même, les décors muraux, notamment le salon de musique de 1931, et les travaux pour la scène n'étaient pas évoqués. À l'inverse, plusieurs récentes acquisitions d'importance étaient exposées, comme la suite d'aquarelles de la collection Kojève entrée en 2001 dans le musée parisien ou, pour un public déjà plus spécialisé, des raretés comme Improvisation IV (1909) du musée d'Art contemporain de Nijni-Novgorod, l'étrange Peinture avec cercle (1911) du musée des Beaux-Arts de Tbilissi ou encore l'impressionnant Obscurci (1917) de la galerie Tretiakov. Ce dernier tableau contribuait à la revalorisation d'une phase autrefois considérée comme de simple transition. Dans les troisième et quatrième sections, la période géométrique des années 1920 (deux œuvres de 1923, Trait transversal, de la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen de Düsseldorf, et Composition VIII, du musée Guggenheim, en marquent un des moments principaux), puis celle du biomorphisme des années parisiennes jusqu'à la dernière huile sur toile, Tensions délicates, en 1942 (coll. part.), qui ont pu paraître naguère réduire la portée des ambitions initiales, trouvaient dans ce contexte, avec un excellent choix, une vigueur et un élan en parfaite continuité avec les œuvres d'avant guerre.

Présentée de façon très aérée dans un vaste espace aux murs blancs, l'exposition[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art moderne et contemporain à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand

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Pour citer cet article

Jean-Paul BOUILLON. KANDINSKY (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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