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BASILICO GABRIELE (1944-2013)

Barcelone, G. Basilico - crédits : G. Basilico Studio

Barcelone, G. Basilico

Tandis qu'il étudie l'architecture à la faculté polytechnique de Milan à la fin des années 1960, Gabriele Basilico (né en 1944 à Milan) s'intéresse à la photographie en autodidacte et se lie à la galerie Il Diaframma, lieu incontournable de la photographie d'auteur en Italie. Il y présente sa première exposition en 1970, un reportage en noir et blanc réalisé à Glasgow, où des personnes rencontrées dans la rue posent pour lui et occupent le premier plan des images. Ce sont des clichés 24 × 36 centimètres contrastés et granuleux, marqués par Bill Brandt et Eugene Smith qui ont influencé ses débuts.

Après être allé chercher loin de sa région une ville portant de manière tangible les stigmates de l'ère postindustrielle, Gabriele Basilico comprend qu'il ne peut véritablement construire un regard sur l'espace urbain qu'en étudiant son environnement le plus familier. Après une première recherche sur Milan, qui donne lieu à plusieurs expositions et ouvrages monographiques de 1978 à 1983 (Milano, ambiente urbano et Milano, rittrati di fabbriche), il dresse à nouveau un portrait de la capitale lombarde (Interrupted City, 1997). De Glasgow à Milan, la figure humaine est devenue marginale dans les images, au profit de l'architecture et de la complexité de la ville où « les câbles électriques, poteaux, lampadaires, panneaux routiers et passages piétons [sont] les éléments d'un type de langage visuel [...] permettant la réorganisation de l'espace ».

Cette nouvelle approche vaut à Basilico d'être engagé, en 1984, dans la mission photographique de la D.A.T.A.R. (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) qui se donnait pour objectif de représenter le paysage français des années 1980. Dans ce cadre, il poursuit en Normandie un travail sur les ports et les territoires de bord de mer qu'il avait commencé deux ans avant à Naples, à l'occasion d'une commande. Deux ensembles de photographies ayant fait l'objet de publications monographiques, Porti di Mare et Bord de mer, sont issus de cette recherche. Ces paysages sans densité urbaine et ouverts sur l'infini de l'horizon ont eu une influence déterminante sur sa manière de photographier la ville. Ils l'ont notamment conduit à « trouver un autre rythme du regard, résolument plus lent ». Cette « lenteur du regard », dont il s'est souvent dit en quête tout en enchaînant à un rythme effréné les campagnes de prise de vues dans les grands centres urbains de la planète, est un de ces paradoxes que Basilico est parvenu à transformer en points de tension dans son œuvre.

Par son expérience du territoire, par la recherche de points de vue capables de décrire la complexité de son organisation, le photographe de paysage ravive quelque chose de l'activité de l'arpenteur désœuvré dans un monde dominé par les réseaux de communication. Basilico souligne que les paysages de bord de mer l'ont stimulé parce qu'ils redonnent corps à la « notion de marge ou de frontière ». Une tension du même ordre apparaît dans sa manière de formuler en termes de présence/absence le lien entre ville et habitants qui s'élabore dans ses photographies depuis ses travaux sur Milan.

Issues d'un véritable « travail d'archéologie contemporaine », ses images mettent « à nu les sédimentations historiques [de la ville], ce corps malade, certes, frappé par les blessures de l'événement, couturé et suturé, et cependant résistant, vivant, en expansion ». Basilico porte une attention précise à deux formes théâtrales de la ruine : celle qui témoigne d'une guerre à peine terminée (Beyrouth 1991, 2003) et celle, plus sédimentée, produit par l'action conjointe des hommes et du temps, qu'introduisent les édifices antiques au cœur des villes romaines[...]

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Classification

Pour citer cet article

Emmanuel HERMANGE. BASILICO GABRIELE (1944-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Barcelone, G. Basilico - crédits : G. Basilico Studio

Barcelone, G. Basilico

Autres références

  • AUTOUR DE GABRIELE BASILICO (livres et exposition)

    • Écrit par Emmanuel HERMANGE
    • 1 068 mots

    Lorsque Gabriele Basilico, architecte de formation, réalise une série d'images sur la banlieue de Milan à la fin des années 1970 (Milano, ritratti di fabbriche, Sugarco, Milan, 1983), la photographie de paysage urbain est un genre étranger au champ de l'art en Europe. Seuls les Américains,...

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