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MOMPOU FEDERICO (1893-1987)

De père catalan et de mère française, le compositeur espagnol Federico Mompou voit le jour à Barcelone le 16 avril 1893. Il commence ses études musicales au conservatoire du Liceo de Barcelone, avec P. Serra. Il vient ensuite à Paris où il est l'élève, au conservatoire, de Marcel Samuel-Rousseau et Émile Louis Pessard (harmonie), de Ferdinand Motte-Lacroix et Isidore Philipp (piano).Baigné dans l'atmosphère artistique très animée de la capitale française au début du xxe siècle, il décide de se consacrer à la composition. Entre 1914 et 1921, il revient à Barcelone avant de se fixer à Paris, où il restera jusqu'en 1941, fréquentant notamment les musiciens de l'École de Paris, groupe de compositeurs émigrés de différents pays d'Europe centrale et fixés, comme lui, à Paris (Martinů, Tansman, Mihalovici, Tcherepnine...). À partir de 1941, il reviendra s'installer dans sa ville natale, qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort, le 30 juin 1987.

Compositeur discret, lui-même excellent pianiste, il avait opté délibérément pour une carrière intime, réservant sa musique à un petit cercle d'élus et non aux grandes salles de concert. L'essentiel de son œuvre est destiné au piano6 Impresiones intimas (1911-1914), 3 Pessebres (1914-1917), Suburbis (1916-1917), Scènes d'enfants (1915-1918, orchestrées par Alexandre Tansman) — ou à la voix humaine — Cantos màgicos (1917-1919), que chanteront Victoria de Los Angeles, Teresa Berganza ou Montserrat Caballé.

Ses cycles pianistiques — surtout les Scènes d'enfants — évoquent la musique d'Erik Satie, tant par leur concision et leur dépouillement que par les mentions figurant sur la partition : « questionnez de loin », « donnez des excuses », « chantez avec la fraîcheur de l'herbe humide ». À cette filiation satiste, il faut ajouter des racines debussystes et une parenté certaine, de l'autre côté des Pyrénées, avec Déodat de Séverac, comme le soulignait Vladimir Jankélévitch, qui voyait dans la musique de Mompou « rien que l'essentiel ! ou même bien moins encore — rien que le quintessentiel... ». Sans qu'il soit possible de le considérer comme un musicien folkloriste, Mompou s'est profondément imprégné de l'atmosphère de la musique populaire catalane, dont il retrouve, peut-être subconsciemment, le dépouillement dans ce style de recomienzo qui le hantera tout au long de sa vie : sa démarche tend à retrouver l'esprit des primitifs de la composition, sans modulation ni développement, avec des thèmes d'une grande simplicité. Il parle néanmoins un langage harmonique de son temps, toujours à la frontière de la consonance et de la dissonance. Au fil des années, sa musique, qu'il remanie sans cesse, tend à se dépouiller davantage et à s'intérioriser pour déboucher sur un véritable ascétisme, chemin qui n'est pas sans une certaine parenté avec l'itinéraire artistique de Manuel de Falla : 10 Préludes (1927-1951), Variations sur un thème de Chopin (1938-1957), 3 Paisajes (1942, 1947, 1960), Música callada (3 cahiers, 1959, 1962, 1966), toutes ces pièces destinées au piano ; pour la guitare, il compose en 1963 la Suite compostelana et semble ensuite se tourner davantage vers la voix humaine : Sant Marti, pour chant et piano (1960), et Cantar del alma, pour chant et orgue (1960) sur un poème de saint Jean de la Croix — qui lui avait déjà inspiré Música callada, son chef-d'œuvre —, l'oratorioLos improperios (1964), le chœur Vida interior (1966)...

Deux ballets ont été tirés de ses pièces pour piano : The House of Birds (pour le Royal Ballet de Londres, en 1955) et Don Perlimplin (pour les Ballets du marquis de Cuevas). Seuls honneurs qu'ait acceptés Mompou, il était membre de la Real Academia de Bellas Artes de San Jorge (Barcelone,[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. MOMPOU FEDERICO (1893-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LARROCHA ALICIA DE (1923-2009)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 832 mots

    Figure majeure de l'école espagnole de piano, la Catalane Alicia de Larrocha s'est imposée dans le monde entier par un jeu raffiné et nuancé qui a offert un nouveau visage à la musique de son pays, auparavant trop souvent noyée dans l'excès et la recherche de l'effet.

    Alicia...

Voir aussi