Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DE ROBERTO FEDERICO (1866-1927)

Écrivain italien né à Naples et mort en Sicile (à Catane), où il a passé une grande partie de sa vie, Federico De Roberto passe pour un des représentants les plus caractéristiques du vérisme italien, avec Giovanni Verga et Luigi Capuana. Son chef-d'œuvre, Les Vice-Rois (I Viceré, 1894), est une vaste chronique de l'histoire sicilienne du xixe siècle, des premiers mouvements insurrectionnels contre les Bourbons aux décennies qui suivent l'unification de l'Italie. On y voit, à travers trois générations, la décadence des Uzeda di Francalanza, une famille de vieille noblesse installée à Catane depuis le xviiie siècle. De deuil en deuil, de malheur en malheur, se dégage progressivement du roman le tableau plein de pessimisme d'une série de bouleversements familiaux et historiques qui, en fin de compte, ne changent rien aux structures sociales millénaires de la Sicile. Simplement, comme le dit un membre de la famille devenu premier député de Catane au Parlement italien, à l'ancienne domination fondée sur l'argent, la violence et l'ignorance des masses s'en est substituée une autre fondée sur la prévarication et les faux-semblants.

Si, par leur matière, ils se situent dans le prolongement direct des Malavoglia et de Mastro Don Gesualdo, les deux chefs-d'œuvre de Verga, Les Vice-Rois, de l'aveu même de leur auteur, marquent une étape nouvelle dans l'évolution du vérisme italien. « Vingt ans de psychologisme et de naturalisme ont épuisé bien des sujets », écrit-il ; « le lecteur qui ouvre un livre pour le lire et non pour le disséquer et le critiquer, dans tous les romans modernes, et particulièrement dans les romans dits psychologiques, retrouve toujours à peu de chose près la même cuisine, le même thème et s'en lasse ; et de son point de vue, il a raison. Aussi je crois qu'il n'y a pas de salut hors du roman de mœurs, et le roman que je m'apprête à publier est un roman de mœurs : Les Vice-Rois. » Au lyrisme discret mais constant de Verga succède chez De Roberto un style plus impersonnel, d'une sécheresse analytique sans chaleur humaine qu'on lui a parfois reprochée. Au point de vue spécifiquement régional de Verga, Les Vice-Rois substituent une perspective plus ample, dans laquelle les problèmes siciliens acquièrent une résonance nationale. Le petit monde sicilien des Malavoglia et de Mastro Don Gesualdo prend ainsi, sous la plume scrupuleuse et sévère de De Roberto, une dimension véritablement historique ; et c'est en ce sens que l'on a pu dire des Vice-Rois qu'ils étaient plus un roman historique qu'un roman proprement vériste.

— Paul LARIVAILLE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Paul LARIVAILLE. DE ROBERTO FEDERICO (1866-1927) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...passivité pure et simple, comme chez Verga, auteur d'un cycle romanesque intitulé Les Vaincus (I Vinti, 1881-1889), soit au désenchantement ironique, comme chez De Roberto, dont les Vice-Rois (I Vicere, 1894) constatent, soixante ans avant Le Guépard (Il Gattopardo, 1958), que rien n'a changé en Sicile...
  • VÉRISME

    • Écrit par André GAUTHIER, Angélique LEVI
    • 4 993 mots
    • 9 médias
    ...naturaliste et rustique, au point de repousser l'étiquette de vérisme qu'on appliquait à son œuvre : « Dites plutôt la vérité », s'écriait-il. De même, De Roberto, qui avait été critique littéraire avant d'être romancier, professait une grande admiration pour Bourget, qu'il plaçait au-dessus de Zola,...

Voir aussi