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WEGMANN EUGÈNE (1896-1982)

Géologue suisse. Naturaliste dès son plus jeune âge, E. Wegmann s'inscrit, en 1915, à l'université de Neuchâtel, où il suit l'enseignement d'Émile Argand. Devenu son assistant, il prépare une thèse de doctorat sur un secteur du domaine alpin interne. Il aborde, dès ce travail, l'étude des problèmes pétrographiques en relation avec les analyses structurales. Il élargit ensuite sa formation en suivant l'enseignement de Niggli à Zurich, de Kilian à Grenoble et de Haug à Paris.

Puis, il travaille successivement en Norvège (1924, avec J. H. Vogt), en Finlande (1927, avec J. J. Sederholm), à Innsbruck (avec B. Sander), avant de partir au Groenland, où il travaille avec L. Kock (1934-1940). C'est à la suite de ces études sur la chaîne calédonienne et le Précambrien qu'il publie sa célèbre note « Sur la signification des migmatites » (« Zur Deutung des Migmatite », Geologische Rundschau, 1935). Cette synthèse apporte une vue générale des résultats acquis par les chercheurs nordiques dans le domaine de la genèse des roches granitiques. Wegmann montre les relations intimes qui existent entre l'évolution structurale et l'évolution tectonique, et cela le conduit entre autres à introduire la notion fondamentale d'étage tectonique.

En 1940, Wegmann succède à Argand à l'Institut de géologie de Neuchâtel. Il en assumera la direction jusqu'en 1964. Il contribue largement, après la guerre, au renouveau de l'Association géologique (Geologische Vereinigung) et de la Revue de Géologie (Geologische Rundschau) dont il devient le rédacteur. C'est dans cette revue qu'il publie un grand nombre d'articles entre 1948 et 1955.

Il est remarquable de constater que, malgré des préoccupations apparemment divergentes telles que la chronologie du Quaternaire, la genèse des granites, la naissance des idées modernes en géologie (Hutton) ou l'évolution des craies lacustres, l'œuvre scientifique de Wegmann est essentiellement orientée vers un objectif : la connaissance des chaînes de montagnes. Pour cela, tous les moyens d'investigation sont utilisés afin de préciser, par une analyse aussi large que possible, les relations existant entre les objets ou les idées. Étudiant successivement les différents niveaux tectoniques, depuis les plus superficiels (Jura) jusqu'aux plus profonds, où il s'attarde (Finlande, Groenland), en passant par l'étage intermédiaire (Alpes françaises, chaîne calédonienne scandinave), Wegmann reprend l'analyse de l'ensemble pour montrer les relations qui peuvent exister entre ces différents niveaux. Précisant l'anatomie des structures, la chronologie des événements et la localisation des lieux où les déformations successives se sont produites, il pressent qu'il est indispensable de dépasser le régionalisme, les traditions d'écoles ou les différences de culture pour amener un renouveau dans notre connaissance des déformations de la croûte terrestre ; c'est pourquoi il préconise le développement d'une tectonique comparée, susceptible d'alimenter pour longtemps les recherches fondamentales dans de nombreux secteurs de la géologie structurale et de la pétrographie.

— Jean-Michel QUENARDEL

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Pour citer cet article

Jean-Michel QUENARDEL. WEGMANN EUGÈNE (1896-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCANDINAVIE

    • Écrit par Martin Edvard BLINDHEIM, Régis BOYER, Georges CHABOT, Lucien MUSSET, Nicole PÉRIN, Jean-Michel QUENARDEL
    • 22 005 mots
    • 11 médias
    ...mantle gneiss domes et y a établi les principes des faciès minéralogiques, toujours appliqués pour l'étude des roches métamorphiques ; E.  Wegmann y a pris des exemples pour préciser les notions d'étages tectoniques et J. J.  Sederholm y a étudié le problème de la formation des granites et...

Voir aussi